jan 10 19

Je suis au parlement européen pour les quatre jours de session. En ce  moment donc se déroulent les auditions au Parlement européen des membres de la nouvelle Commission Barroso. Elles passent à côté de l’essentiel. En effet, la quasi-totalité des critiques et réserves émises par les commissions parlementaires porte sur la «compétence» des candidats. Celle-ci est censée être évaluée au terme de ces auditions en réalité très rituelles. Dans les faits il s’agit d’un défilé de récitants de la doxa libérale répétant phrases creuses et postures convenues. Mais où est la discussion sur le contenu de leurs projets ? Où est l’intérêt général de l’Europe et de ses habitants ? Silence radio !

Que faisons-nous là ? J’ai juste l’impression que les élus européens sont priés de se la jouer en faisant les singes savants du congrès américain. Mais ils n’en ont aucun des pouvoirs. Dans ces conditions, la démocratie européenne se résume à un grand oral entre belles personnes pour sélectionner le «gouvernement des meilleurs ». Le gouvernement des meilleurs, c’est le sens littéral du terme aristocratie.

En tous cas ceux qui défilent devant nous ne sont pas des débutants. Loin de là. Nombreux sont ceux qui ont déjà un bilan dans le passé proche. Mais qui leur demande des comptes a ce sujet ? Personne. Ce n’est pas le sujet. Pourtant, ils sont déjà responsables d’immenses dégâts sociaux et industriels en Europe. Leur obsession libérale est intacte. Ils doivent l’afficher. C’est le tarif pour leur nomination. Quelques uns mériteraient tout bonnement d’être jetés dehors. Je déplore par exemple que le Parlement envisage de reconduire la Commissaire Nelly Kroes et même de la promouvoir comme vice-présidente de la Commission. En charge jusque là de la concurrence, cette Commissaire s’est illustrée par son dogmatisme libéral, dans sa chasse aux aides publiques et ses initiatives contre les services publics et toute forme de politique industrielle.

Sa dernière intervention pour favoriser la délocalisation de Renault en Turquie est particulièrement déplorable. On se demande au nom de quel intérêt général européen, elle prétend interdire aux gouvernements d’exiger de grandes entreprises, enrichies par l’action publique, qu’elles continuent de localiser leur production en Europe ? C’est avec ce genre de méthode européenne que fut dépecé Péchiney et l’aluminium français au profit des entreprises outre atlantique ! Pour quel avantage aux européens ? Pour quel résultat en ce qui concerne la production d’aluminium ? Aucun bien sur ! Aucun. Juste le bonheur d’avoir démantelé un géant français. Car on ne doit pas perdre de vue que la plupart des technocrates qui peuplent les instances européennes sont lourdement anti français. Pour eux la France c’est le colbertisme, cette antichambre du communisme.  Pour ne rien dire de ce qu’ils ont en tête quand au reste a notre sujet dès qu’il s’agit de laïcité et d’égalité ou même de République. Le projet européen s’étouffe dans sa camisole de force libérale. La France y suffoque.


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