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Cerisiers_en_fleurs_au_parc_de_SceauxDepuis 2010, une mouche drosophile suzukii, venue d'Asie, s'attaque aux productions de cerises européennes. Le moucheron a en effet pour habitude de pondre dans les fruits rouges charnus, tels que la cerise ; la larve se nourrit alors du fruit, causant des pertes importantes de production pour les arboriculteurs. Pour lutter, les agriculteurs emploient à grande échelle un insecticide systémique organophosphoré à large spectre apparu en 1948, efficace contre ces mouches : le diméthoate.

Mais en 2013, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), pourtant connue pour sa grande tolérance aux substances dangereuses (souvenons nous du glyphosate), interpelle les États membres sur la potentielle dangerosité du diméthoate. En 2015, la France, suite au classement du diméthoate comme « cancérigène possible » par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES), a décidé de retirer l’insecticide du marché et d'en interdire l'utilisation à partir du 1er février 2016.

Pour autant, dans le reste de l'UE, cette substance reste autorisée. Et au vu des règles du marché intérieur européen, des fruits ayant été cultivés avec cet insecticide dans un autre État membre peuvent être vendus en France. Aussi le gouvernement français demande l’interdiction immédiate de ce produit dans toute l’Union européenne, et sur tous les fruits et légumes. La Commission européenne doit répondre prochainement. En cas de réponse négative, la France pourra déclencher la clause de sauvegarde nationale qui, en vertu de l'article 36 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, permet aux États membres de porter atteinte à la libre circulation des marchandises pour des raisons de « protection de la santé et de la vie des personnes et des animaux ou de préservation des végétaux ».

Pour une fois, la France est à la pointe de la lutte contre l'industrie agrochimique et pourra sauvegarder sa production de cerises via des méthodes alternatives, innovantes et non toxiques telles que la mise en place de filet de protection, l'utilisation de répulsif à l'ail ou l'introduction de prédateurs du drosophiles dans les cultures. La FNSEA et son PDG, Xavier Beulin réclament, bien-sûr, le droit de s'empoisonner, au moins autant que nos voisins. Mais n'ont-ils pas compris qu'au rythme des cancers provoqués par leurs pesticides, il n'y aura bientôt plus personne pour produire ou manger des cerises ?


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