juil 10 09
Retour sur la séance de Juillet

Présences, clones, OGM, SWIFT et le Kosovo

Exporter ce billet au format pdf

Une chose que vous devez savoir c’est que je ne suis pas un aussi bon député européen que mes comptes rendus réguliers et mes notes de séance pourraient vous le faire croire. Un classement indépendant, éthique et moral d’un journal qui a forcément raison, me classe dans les mauvais sujets qui n’ont que 64 % de présence sur place. Bien sur mon nom est publié. Rançon de la gloire. Avec celui de Rachida Dati, de Jean-Marie Le Pen et de Vincent Peillon parce que l’opprobre doit toucher tous les partis afin que l’objectivité du journal soit visible. Ce journal lui-même est bien loin de publier quelque chose de régulier sur les travaux du parlement européen, ni même sur seulement 64 % des sujets traités. La publication sur ce blog dans la rubrique en bas à droite de fiche descriptives par dossier adopté au parlement européen n’a, bien sur, non plus aucun équivalent dans ce journal là. Mais je confesse que oui, j’ai été absent à deux sessions de Strasbourg, en février et en mars. Le premier de chez moi qui tord le nez devra méditer la prochaine fois qu’il m’invitera à venir participer à un meeting de campagne électorale. Faire vivre la démocratie dans son pays comme élu au moment des élections régionales n’est pas compté en Europe comme du temps utile valant mot d’excuse. Et maintenant, vous qui vous cabrez,  entendez le plus scandaleux : je me fiche comme d’une guigne de ce classement ! Je n’ai pas le moindre regret d’avoir passé ces journées à battre la campagne avec mes camarades ! Je suis content du boulot que j’ai fait en campagne et au parlement européen. Mais bien sur, si mon état d’esprit vous choque et si mon travail ne vous plait pas vous devez refuser de me réélire la prochaine fois. A supposer que je sois candidat. De mon côté je vais essayer évidemment d’améliorer ma capacité de pointage l’année prochaine ! Mais ca se discute avec ceux qui voudraient me voir consacrer davantage d’énergie à d’autres taches…

Justement je voudrai vous dire un mot du parlement européen. La session de juillet a été dense et ennuyeuse. Avec des pics d’adrénaline cependant. Mercredi on votait sur les "nouveaux aliments". Oui, ca existe. Les nouveaux aliments ce sont les aliments en provenance de pays tiers, les ingrédients alimentaires contenant des nanomatériaux manufacturés et les denrées alimentaires produites à partir de descendants d’animaux clonés… Berk ! Ca ne donne pas envie ! Il y avait déjà eu un vote le sujet en Mars 2009. Le parlement avait alors majoritairement demandé que les aliments issus d'animaux clonés et de leurs descendants soient exclus du champ d'application et qu'un étiquetage précis soit mis en place concernant les nouveaux aliments. Un étiquetage distinctif pour aliment issus d'animaux nourris aux OGM avait notamment été réclamé. Aucun de ces amendements n’a été accepté par le Conseil européen. Nos gouvernements n’ont pas voulu en entendre parler. Merci monsieur Fillon ! Pourtant, il faut savoir qu’on est incapable à l’heure actuelle d’estimer  les conséquences réelles du clonage. Plus de la moitié des animaux clonés sont en mauvaise santé et développent des malformations graves. Alors que dire de leurs descendants ? Quelles évolutions sur plusieurs générations ? Quelles conséquences pour le consommateur ? Personne ne sait le dire avec exactitude à ce jour. Ca n’empêche pourtant pas le Conseil d’être favorable à l'ouverture complète des aliments issus d’animaux clonés « en attendant une législation spécifique ». Vous avez bien lu. Tant qu’on a rien décidé on laisse faire ! Le principe de précaution a l’envers ! La Commission a donc pu facilement se donner un air plus raisonnable devant tant d’aveuglement. Mais ca ne casse pas trois pattes  à un canard, même cloné ! En effet  elle s’oppose  à l'autorisation comme aliments de ce qui est issu de la première génération de descendants d'animaux clonés. Mais pas à ceux de la deuxième génération. Finaude la commission ! Comme on n’a pas plus de preuves de l’innocuité des aliments issus des nanotechnologies, non plus, le Parlement européen a donc fort heureusement réitéré son point de vue en deuxième lecture. Jusqu’à la prochaine offensive du Conseil et de la Commission ? bien sur. Mais on peut quand même se réjouir du résultat de nos votes.

Autre sujet piquant. Jeudi, arrivait en plénière un texte sur l’intégration du Kosovo à l’Union européenne. Argument avancé par la rapporteur, Madame Lunacek des Verts : on ne peut pas discriminer les kosovars alors qu’on négocie avec les autres pays des Balkans. Mais le problème est précisément que le Kosovo n’a pas été reconnu comme étant un Etat par 5 pays  membres de l’UE : l’Espagne, la Grèce, Chypre, la Slovaquie et la Roumanie ! Les Etats-Unis ont été le principal soutien et instigateur de l’indépendance du Kosovo. Il s’agissait de punir la Serbie et de récompenser les larbins au pouvoir en Albanie. Tout ce que le monde compte de zélés atlantistes s’est retrouvé pour reconnaitre cet état croupion. Parmi ces derniers,  le Président Sarkozy, qui a été parmi les premiers à reconnaître le Kosovo et  le FMI de Dominique Strauss Kahn qui a intégré le Kosovo en Mai 2009. Les Etats-Unis ont installé une de leurs plus grandes bases militaires au Kosovo en 1999. Il s’agit de camp Bondsteel, le « Guantanamo miniature » des Etats-Unis, maintes fois dénoncé pour actes de torture. C’est tout cela qui est en jeu avec l'intégration du Kosovo dans l'UE ! En particulier c'est donc admettre la présence sur le territoire européen d'une des plus grandes bases militaires des Etats-Unis dans le monde! Et pourquoi ces braves amis de la liberté sont-ils là ? Ils assurent la sécurité du projet de pipeline Trans-Balkans AMBO qui doit faire le lien avec les pipelines transportant le gaz et le pétrole de la Mer Noire et du Bassin de la Mer Caspienne. La Serbie, jugée trop proche de la Russie, pouvait mettre en danger la construction de ce pipe-line stratégique. Ce sont des entreprises comme Halliburton, grassement financées par les Etats-Unis, qui construisent ce pipe-line. Et voyez comme le hasard est finaud lui aussi : la base militaire de camp Bondsteel est située à deux pas des chantiers de construction. De tout cela personne ne parle. On entend juste les habituels couplets enchantés sur l’Europe qui protège et les peuples qui gémissent du désir de venir y jouir de ses bienfaits. Pas question pour moi d’accepter l’adhésion de ce qui demeure pour la majeure partie des pays du monde, dont rien de moins que la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil  et l’ONU elle-même, une province de Serbie. Ça n’a pas empêché 455 eurodéputés de se prononcer en faveur de ce rapport provocateur contre 155 et 28 abstentions. Les élus du MODEM, du PS et d’Europe Ecologie ont tous voté pour avec les autres atlantistes du parlement ! Irresponsable et affligeant ! 

Pendant que j’y suis, voici un dernier récit qui ne comptera pas dans ma statistique de travail parlementaire. D’ailleurs de quel parlement s’agit-il ? Le Parlement européen est un parlement croupion. Dire « Parlement » est, à proprement parler, un abus de langage puisqu’il n’a ni pouvoir d’initiative législative ni véritable contrôle sur la Commission européenne. Son seul pouvoir réside en fait dans sa capacité de blocage. Autant dire qu’il ne s’en sert pas souvent ! Mais le 11 Février dernier, à la surprise générale, les eurodéputés en avaient très majoritairement fait usage en bloquant la mise en œuvre de l’accord entre l’union Européenne et les USA sur le transfert de données bancaires à caractère personnel dit « SWIFT ».  SWIFT est une société bancaire belge. Après 2001, à la demande de Washington, elle avait accepté de transférer des données bancaires à caractère personnel au Trésor états-unien. C’était bien sûr totalement illégal. En Novembre 2009, le Conseil européen, merci monsieur Fillon, et les Etats-Unis signaient un accord avalisant et élargissant le champ d’application de cette ingérence états-unienne. C’était trop ! Le Parlement européen avait rejeté l’accord. Les gargarismes avaient été bruyants sur le pouvoir de blocage d'accords internationaux concédé par le Traité de Lisbonne ! Un bien maigre pouvoir pourtant pour une assemblée qui en reste largement privée. Les Etats-Unis et nos gouvernants ont très vite réagi à cet affront. Dès le mois de Mai, le Conseil européen chargeait la Commission européenne de négocier un nouvel accord. Et il y a quelques jours, le 28 Juin, l’arrangement était signé. Il  permet, entre autres, la conservation de toutes les données pendant  5 ans, y compris celles obtenues illégalement. Un délai absurdement long. Il permet aussi l'élargissement du champ d'application aux comptes de tous les citoyens. Il autorise le partage de ces données avec tous les services répressifs du monde. Il ne donne bien sur aucune garantie de recours aux personnes concernées. Humour noir : ces derniers pourront se faire confirmer que leurs droits « ont été respectés » ! Alors, heureux ? Il charge Europol, l’Office Européen de Police qui récolte arbitrairement des données personnelles en Europe, de donner son aval aux demandes états-uniennes. Comble du comble, il stipule très clairement que si l'accord venait à être dénoncé ou suspendu par une des parties, les données détenues continueraient à être traitées! C’est cet accord que le « Parlement européen » vient d’accepter par 484 voix contre 109 et 12 abstentions ! Les groupes GUE/NGL et les Verts ont votés contre. Les groupes Social démocrate (SD) et Libéral démocrate (ALDE) ont majoritairement voté pour. Parmi les français de ces deux groupes, seuls Estelle Grelier et Jean-Luc Bennhamias se sont abstenus. Tous les autres ont voté pour. Un acte indigne de soumission aux ingérences des Etats-Unis et à leur paranoïa sécuritaire! Ca m’étonnerait que ça permette de pister les comptes de madame Bettencourt. Mais ça permet de savoir que des gens n’en perdent pas une miette sur le sujet. Amusant non ?

Le détail de la séance


Blog basé sur Wordpress © 2011-2015 INFO Service - V3.1 Eur.