Cette dernière semaine, toute l’attention s’est concentrée sur le sommet de Copenhague. Quel que soit le résultat, en dépit de lui, c’est là une bonne chose. Une opinion publique mondiale se construit. Elle le fait autour de l’idée d’un intérêt général des êtres humains. C’est un renversement complet des paradigmes de la pensée commune des années quatre vingt dix. Ainsi le curseur progressiste est repris en main.
Après des années d’évidences néo libérales, pour un nombre croissant de personnes, le système n’est plus légitime. Le sentiment qu’il conduit à une impasse gagne de tous côtés. Il suffit de constater le nombre des retournements de veste autour de nous. Lire celui-ci ou celle là qui tout soudain encense la taxe Tobbin, conchie le libre échangisme, dénonce l’aveuglement «court-termiste» du marché, est sans doute parfois irritant tant est vif en nous le souvenir du temps où ils soutenaient le contraire contre nous et avec quelle morgue ! Mais les repentis sont utiles. Ils minent le mur du consensus d’hier. Si nous travaillons bien, en dix ans nous aurons totalement inversé le cycle des idées dans une majorité des têtes.
Mais, bien sûr, tout peut aller plus vite, bien plus vite, si un accident de parcours vient bloquer le système avant. Nombreux sont les signes qui attestent cette fragilité radicale. Après l’incident de paiement à Dubaï, puis celui du délabrement du budget de l’Etat de la Grèce. Demain un autre et ainsi de suite. Surtout le système est incapable de s’auto réguler. On le voit bien avec le redémarrage de l’économie de casino et l’envolée sporadique des cours de bourses, l’explosion des bénéfices bancaires, la fête somptuaire des rétributions de traders. Il n’y a pas de pilote dans l’avion.
Ainsi, le scénario latino américain qui a conduit à la vague des révolutions démocratiques augmente sa probabilité en Europe. Notre consigne est donc de travailler sans désemparer à préparer les solutions qu’il faudra mettre en œuvre pour faire face. Et tout autant à préparer les outils d’élaboration et de conviction pour faire ce travail je veux parler de nos forces politiques si mal en point à gauche.