avr 10 28

Ce soir, je tape quelques lignes en ayant le sentiment de vivre des moments de grande intensité historique. Les banques et les assureurs, « les marchés », encouragés par l’impunité dont ils ont joui quand ils ont agressé la Grèce, et emballés par leur propre dynamique mortifère font suffoquer ce pays et engagent à présent leur ballet mortel en Espagne et au Portugal. Les palinodies du gouvernement allemand et la pleutrerie du gouvernement français ont ouvert la voie à une catastrophe financière et politique en Europe. La première phase du scénario latino-américain, mille fois raillé par les beaux esprits, a franchi l’Atlantique.

 

Je suis spécialement fier du rassemblement réussi ce soir en solidarité avec le peuple grec. En dépit du délai, des vacances et de l’improvisation, nous avons été plus de deux cents. On se préparait à se réjouir d’être cinquante ! La présence médiatique permettra une information différente de  ce qui se dit en boucle à propos de grecs et des autres « fainéants dépensiers ». France inter, RMC, France culture, BFM et canal plus ont vaincu la limite du sous effectif de vacances et ont fait leur travail. Les autres sont trop pauvres pour faire face. On compatit.

Devant le siège  de l’union des banques et celui des assureurs, une forêt de drapeaux assurait une ambiance visuelle très réconfortante. Chacun de nous avait relayé l’appel soit sur son blog soit sur les réseaux sociaux comme Facebook. Les listes de diffusion ont été mises à contribution. Tout cela a fonctionné. A notre façon nous avons répondu à l’appel de nos camarades grecs de Synapismos. 

Pour que ce que nous disons soit mis à sa place, partons des réalités de base. La dette totale de la Grèce, cette catastrophe colossale, c’est 300 milliards d’euros ! Dit comme ça, ça ne veut rien dire. Mais quand on sait que cela représente environ 2 % du PIB de l’Union européenne, on comprend mieux ! La dette grecque ce n’est rien. Ce qui est tout c’est le profit que les banques vont en tirer. Et la peur que les mauvais traitements subis font aux autres peuples.

Cette journée a été tragique pour l’Europe politique. DSK et Trichet étaient à Berlin toute la journée pour négocier avec l’Allemagne le contenu du plan grec. En Europe, il y a l’Allemagne. Point barre. Les deux notables français sans patrie identifiée, DSK et Trichet ont multiplié les consultations avec les importants allemands. Sarkozy devait attendre dans le vestibule. La France ? Ou est-ce ? Donc rencontre avec le ministre des finances Wolfgang Schaüble et les chefs de tous les groupes parlementaires. A l’issue d’une de ces rencontres, un député porte parole de la CDU pour les questions budgétaires, a affirmé que BCE et FMI se sont opposés à une contribution des banques au plan de sauvetage de la Grèce qui avait été suggérée par un député. Ouf ! Les banques peuvent continuer leur pillage, personne ne prétend leur faire rendre gorge !

Les Taux pour la dette grecque ont franchi les 11 % à 10 ans et les 18 % à 2 ans ! C’est-à-dire que la Grèce ne peut plus se refinancer. Les banques et les assureurs vont donc pomper maintenant le jus de la déroute. Pendant ce temps le FMI de Strauss Kahn et « l’Europe qui protège » de la commission européenne exigent des coupes salariales. Mais quoi encore ? Le chétif président de l’internationale socialiste et Premier ministre grec, Papandréou, a encore gagné le premier prix de l’infamie. Incapable de résister aux banques et aux prédateurs de « l’Europe qui protège », il a trouvé plus simple d’insulter son peuple et de le mettre au pain sec. Pour complaire aux allemands il a  affirmé que l’argent public et européen n’avait pas été utilisé pour le développement du pays mais pour « acheter des maisons, des voitures et vivre dans le farniente » et que « l’heure de vérité est arrivée ». Exactement le genre de nul qui fera demain tirer sur la foule qui manifeste comme en Amérique latine. Pourtant, à Athènes, le ministre grec du travail a affirmé que le gouvernement refusait la demande de coupes salariales du FMI et de la Commission européenne. Ces derniers auraient demandé au gouvernement de s’engager à supprimer les 13ème et 14ème mois qui existent dans les conventions collectives du privé et du secteur public où le 14ème mois a déjà été supprimé par Papandréou. Mais il ne pèse rien ! Et les diktats des punisseurs de peuple s’appliqueront sans faille ! La preuve c’est que Papandréou n’envisage même pas de faire voter le parlement sur ces plans de saignée. La démocratie ou la dictature des banques, le choix est fait.

Bien sûr c’est une chose que la pente générale des évènements et leur dynamique spécifique. Je pense que la situation a échappé des mains de ceux qui pensaient en jouer. Un immense effet domino peut s’enclencher qui emportera un pays après l’autre et du coup une banque après l’autre tombant,  tout le système imploserait. Ce risque existe évidemment à l’heure qu’il est.

 


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