fév 11 22
Mes questions à la Commission et au Conseil - questions écrites

Lybie: la Commission européenne prend-t-elle la mesure de sa compromission?

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Question à la Commission

Depuis 2007, la Commission européenne négocie un accord cadre avec les autorités libyennes. Celui-ci vise à intégrer la Libye à la grande zone de libre échange euroméditerranéenne qu'elle construit depuis 1995. Il doit aussi valoriser les "intérêts communs" de l'Union européenne et de la Lybie. Les dits intérêts sont, comme toujours, des intérêts énergétiques, commerciaux et de gestion des flux migratoires. En attestent la mise en place d'un programme de coopération dans le domaine de l'immigration entre l'UE et la Libye en Octobre 2010 et les déclarations des commissaires Füle et Malmlström à cette occasion.
Il est évident qu'en ces circonstances les appels au respect des droits fondamentaux lancés par Madame Ashton face à la répression sanglante de la révolution citoyenne libyenne n'ont aucun crédit.

-Comment la Commission pense-t-elle justifier l'évident deux poids deux mesures dont elle fait preuve en négociant avec des dictatures pour peu qu'elles soient ouvertes au libre-échange et qu'elles "retiennent" les migrants que l'UE actuelle juge indésirables?

-La Commission prend-t-elle la mesure de sa compromission et reverra-t-elle enfin la politique de voisinage de l'UE en conséquence?

-Quand la Commission va-t-elle mettre le respect des droits de l'homme au-dessus de ceux du marché?"

Madame Ashton ne répond pas à la question posée

20/04/2011 Réponse de la haute représentante/vice-présidente Ashton au nom de la Commission

La crise libyenne est une source de vive préoccupation pour l'Union européenne. Cela a été clairement affirmé dans les conclusions des Conseils européens des 11 et 25 mars 2011.

L'Union européenne a condamné avec fermeté la violente répression du régime libyen à l'encontre de sa propre population. Elle a affirmé très clairement que les responsables des violations flagrantes et systématiques des Droits de l'homme commises en Libye rendront compte de leurs actes et s'exposeront à de lourdes conséquences.

L'Union européenne a adopté des mesures restrictives à l'encontre des dirigeants du pays et suspendu immédiatement les négociations sur l'accord-cadre UE-Libye, ainsi que toute coopération technique entre les deux parties.

Ces négociations avaient débuté en 2008, à l'époque où l'Union européenne avait mis en œuvre une politique visant à renouer les relations avec la Libye après la levée des sanctions internationales et la libération du personnel médical bulgare. L'objectif avait toujours consisté à définir les relations entre l'UE et la Libye en conformité avec les principes fondamentaux qui sous-tendent la politique étrangère de l'Union européenne.

Les événements qui se déroulent chez nos voisins au Sud sont historiques. L'UE soutient ardemment l'aspiration des peuples de son voisinage méridional à une transformation démocratique. À cet égard, la Commission attire l'attention des Honorables Parlementaires sur la communication conjointe de la Commission et la haute représentante du 8 mars 2011, intitulée «Un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée»

La réponse de l'UE aux changements qui se produisent dans la région doit être ambitieuse. L'UE se tiendra prête à renforcer son soutien aux pays disposés à collaborer à un programme commun, mais également à reconsidérer son aide aux pays qui s'écartent de cette voie.

Remarque:
Madame Ashton rappelle en long, en large et en travers sa préoccupation au sujet de la "crise libyenne" (notons que "révolte populaire contre un dictateur sanguinaire" se dit "crise" en novlangue eurocratique). Elle souligne que l'UE condamne la répression et les violences.

Elle est moins prolixe sur les négociations de l'UE avec le régime dictatorial de Kadhafi. Sur ce sujet Madame Ashton préfère se cacher derrière le climat international favorable qui régnait à l'époque. Il faut dire que beaucoup de gouvernements, notamment ceux de messieurs Sarkozy et Berlusconi, s'étaient précipités pour faire affaire. Il faut dire aussi que Kadhafi avaient accepté de retenir (dans des camps) les migrant-e-s en route pour l'Europe. Mieux: la Libye s'était engagée sur la voie de la libéralisation économique. Des gages suffisamment important pour qu'on oublie qu'il n'y a pas ne serait-ce qu'une Constitution en Libye et que le clan Kadhafi y fait régner la terreur depuis des décennies!

Quand à la dernière phrase de la réponse de Madame Ashton ('l'UE se tiendra prête à renforcer son soutien aux pays disposés à collaborer à un programme commun, mais également à reconsidérer son aide aux pays qui s'écartent de cette voie") c'est une vraie menace pour le peuple libyen. Ce que Kadhafi avait accepté, ils devront se l'avaler tous comme les autres peuples si l'on en croit cette réponse. Ce mépris des peuples est malheureusement devenu la marque de fabrique de l'UE.


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