En cette dernière semaine de campagne présidentielle au Venezuela, la propagande se fait plus dure. Disposer d’arguments solides contre cette propagande est nécessaire. Je tiens à saluer le travail de la commission Amérique latine du Parti de Gauche et de son responsable, Eduardo Meneses, en la matière. Le « kit militant » produit est particulièrement utile. J’en dis quelques mots à la fin de cette note.
Cette semaine la propagande contre Hugo Chavez va connaître un pic délirant. Toute la presse écrite et audiovisuelle va consacrer au moins un « reportage », article, éditorial, contre le président sortant du Vénézuela. Mes lecteurs savent ce qu'une telle campagne peut signifier. Il leur suffit de se référer à la façon avec laquelle ils sont eux-mêmes traités lorsque nous préparons une manifestation comme celle du 30 septembre dernier. Les manipulations, parti pris, persiflages, calomnies, insinuations, mensonges délibérés à la Aphatie, tout cela est amplifié par le sentiment d'impunité totale que la distance et l’impossibilité de vérifier si peu que ce soit les « informations » ainsi assénées. Le ton de la certitude et de la bonne conscience que vous leur connaissez va battre des records. J'ai déjà eu l'occasion de développer dans cette note les raisons pour lesquelles je voulais relever le défi et permettre, du fait même de la violence du choc qui est ainsi asséné, de promouvoir un véritable progrès des consciences qui se saisiront du problème.
Mais encore une fois je veux rappeler l'essentiel. Nous ne sommes pas dans un colloque sur les formes désirables du changement de société. Nous sommes engagés dans une lutte physique entre ceux qui lorgnent sur le plus gros puits de pétrole du monde, leur griots politiques et médiatiques, et ceux qui veulent les empêcher de s'en emparer. Comme vous le comprenez parfaitement le but de cette campagne n'est pas de convaincre les électeurs français de ne pas voter pour Chavez ! Il s'agit de préparer les esprits à accepter un nouveau coup d'état sur place, contre le résultat des urnes. Les thèmes principaux de la campagne développée depuis plusieurs jours dans la presse de la boucle sous l'influence des agences nord-américaines montrent clairement la façon dont les choses s'organisent. Les « articles » et « sujets » prétextent un resserrement dans les enquêtes d'opinion entre le candidat de la droite des socialistes et de l'extrême-droite d'un côté, et Hugo Chavez. Des incidents sont montés en épingle pour faire croire à une volonté de violence organisée du côté de l'état-major de campagne de Chavez. C'est en Espagne que la presse aura été le plus loin dans ce domaine en annonçant que « Chavez est prêt à un coup d'état militaire contre les résultats des élections ». Cette méthode vise à faire porter par avance sur l'adversaire le poids des turpitudes qui se préparent du côté de la droite. En réalité tout montre dans la campagne que Chavez va l'emporter. Des dizaines d'observateurs internationaux sont déjà sur place. Ils viennent de tous les associations, instituts, organisations internationales de contrôle habituées à la surveillance du bon déroulement des élections. Pour ma part j’ai confiance dans leur travail. Bien sûr, certaines délégations sont d’un total parti pris. On se souvient peut-être de cette anecdote. Il s’agissait d’élection en Haïti. La délégation européenne dirigée par une écologiste commença par déclarer que les résultats étaient entachés de trop d'irrégularités pour être acceptés. L'ambassade des États-Unis disait la même chose. Mais quelques heures plus tard le département d'État nord-américain changea d'avis et reconnu le résultat. La prétendue « écologiste observatrice indépendante » s'inclina et changea elle aussi d’avis. En ce qui concerne le Vénézuela ou ne peut oublier comment les autorités américaines et même françaises prirent « acte » du coup d'état contre Chavez, sans autre émotion. Pas de naïveté donc !
Dans les circonstances actuelles toutes les informations convergent pour nous donner des raisons de nous considérer en état d'alerte politique. Dimanche sept au soir il y a une grande probabilité pour que la meute des réactionnaires mette en cause les résultats, comme elle a déjà menacé de le faire avant même que le vote ait commencé. Elle a agi de cette façon à chacune des précédentes élections. Sa détermination n'a pas changé au fil des échecs qu'elle a subis. Rappelons-nous l'année où pour discréditer les élections législatives, la droite les boycotta. Après quoi bien sûr elle dénonça le parlement « monocolore » de Chavez. Leur candidat, Capriles Radonsky, a beau être présenté sous le dehors rassurant d'un homme de centre-gauche, personne ne peut oublier comment il s’impliqua personnellement dans le putsch contre Chavez. Ce « démocrate » si sympathique, avec sa mine de playboy tel que le présente une certaine presse très influencée en France, dirigea le commando qui envahit l'ambassade de Cuba à Caracas lors du putsch ! Ce passé reste son programme : la violence, la haine du peuple quand il prend le pouvoir, les absurdes préjugés de la fantasmagorie anti communiste.
La commission « Amérique Latine » du Secteur International du Parti de Gauche a produit un « kit militant » pour mieux comprendre les enjeux de l’élection présidentielle au Vénézuela. L’idée de départ est que sous le feu de la propagande médiatique à sens unique contre le président du Vénézuela, nous nous posons des questions et nous aimerions pouvoir répliquer. Le travail des camarades a évidemment un sens politique : il ne s’agit pas de faire un commentaire de journaliste, d’historien ou d’observateur extérieur qui aurait un regard « neutre » sur la question. Ils s’inscrivent donc dans la logique que nous portons sur le sujet : la révolution citoyenne est un train en marche en Amérique Latine. Il ne s’agit pas de rester sur le quai en se demandant s’il roule bien, s’il a suffisamment de vitesse ou pas. Il s’agit de savoir comment nous nous y accrochons et comment notre travail ici contribue à faire avancer la victoire commune de la gauche internationale. Les auteurs de ce travail se sont tous reconnus dans une remarque de l’ex-président brésilien Ignacio Lula da Silva : « Chavez, compte sur moi […] compte sur la solidarité et sur l’appui de chaque militant de gauche, de chaque démocrate et de chaque latino-américain. Ta victoire sera notre victoire. Un fort abrazo, un abrazo fraternel et merci, compagnon, pour tout ce que tu as fait pour l’Amérique Latine. » Le kit militant a été coordonné par le responsable de la Commission Amérique Latine, Eduardo Meneses. Il est basé sur le travail collectif de plusieurs camarades de la commission et du parti : Romain Migus, l’auteur du best-seller de décryptage sur le programme de la contre révolution vénézuélienne, Guillaume Beaulande, Ramzi Kebaili, Céline Meneses et Laurent Maffeïs. Pour répondre aux différents besoins d’approfondissement ou de simple argumentaire pour satisfaire les personnes qui se posent des questions autour de nous, ce « kit » a été conçu en différents chapitres thématiques. Ils permettent au lecteur de se déplacer de l’un à l’autre indistinctement, sans que cela nuise à la cohérence du texte et des arguments. Espérons que ce travail pourra inspirer des formations, ateliers de lecture, débats autour de documentaires ou toute autre initiative d’éducation populaire autour du Vénézuela et des avancées de la révolution bolivarienne.