Lors de la session plénière d'octobre dernier le Parlement européen s'est prononcé sur un rapport défendant les droits des femmes face au « généricide ». Il s’agit des pratiques qui conduisent à exterminer les individus d’un même « genre » au nom de préjugés sexistes. L’expression de généricide ne me plait guère : c’est une euphémisation. En effet : qui a jamais entendu parler de telles pratiques à l’égard des individus de sexe masculin ? Soyons sérieux : le seul généricide réellement pratiqué est celui des femmes. Donc c’est un féminicide. En effet seules les femmes sont victimes de pratiques de sélection selon le sexe, allant de l'avortement à l'infanticide, qui se traduit dans maintes contrées par un déséquilibre démographique qui est la signature du crime. Bon. Donc, le parlement discutait une fois de plus sur un document sans aucune portée concrète. Mais puisqu’il fallait voter, je l’ai fait avec sérieux, en suivant chaque point et en essayant de ne pas me tromper au moment d’appuyer sur les boutons ou de lever la main, car tout ça va très vite.
Mais comme toujours dans ces cas-là, sous l’allure consensuelle se glisse le fond du choc avec le vieux monde. Les vraies vigies de combat ne s’y trompent pas, mes amis. Sur ce genre de sujet il y a toujours des fachos et des salauds qui patrouillent dans les parages. Je me suis donc intéressé a ce que faisait Marine Le Pen sur le sujet. Je n’ai jamais douté qu’elle tomberait le masque. Elle a profité de cette occasion pour s'en prendre aux droits des femmes !
Et c’est ce qui s’est passé. Ainsi, elle a voté avec la droite et l'extrême droite contre la promotion des droits sexuels et reproductifs des femmes (art. 40). Elle s'en est également pris au droit à l'avortement, en affirmant qu'il n'existe « aucun droit humain à l'avortement ». Elle a voté pour limiter les droits à l'information des femmes ayant recours à l'avortement (art. 34). Elle a aussi tenté d'inciter le personnel médical à refuser de pratiquer les avortements au nom de l'objection de conscience (amendement 4). Et bien sûr elle a voté l’amendement étendard concernant la reconnaissance de l'embryon dès la fécondation comme étape de développement du corps humain (amendement 1) ! Fort heureusement, toutes ces salades moisies ont toutes été repoussées. Mais c’est l’intention qui compte, non ? Bref, en matière de droits des femmes, Madame Le Pen est bien d’extrême droite et vote avec elle. Le fait marquant, c’est que la droite européenne vote avec elle !
D’accord ou pas : interdiction de l’avortement !
Article 34, vote à main levée, Le Pen vote pour la suppression du passage en italique.
« Invite la Commission et tous les acteurs concernés à prendre les mesures législatives ou autres nécessaires pour que la pratique des avortements forcés et la chirurgie sélective selon le sexe pour mettre fin à la grossesse sans le consentement ou la compréhension préalable et éclairé de la procédure par les femmes concernées soit criminalisée ». Décryptage. Qu’elles soient d’accord ou pas : pas d’avortement ! Résultat du vote : rejeté.
Elles n’ont pas besoin de savoir !
Article 40, vote à main levée, Le Pen vote pour la suppression du passage en italique.
« Demande à l'Union européenne de veiller à une approche fondée sur les droits qui englobe tous les droits de l'homme, et d'inclure un fort accent sur l'autonomisation, la promotion, le respect et l'épanouissement des femmes et les droits des filles, y compris leurs droits sexuels et reproductifs et l'égalité des sexes comme des conditions préalables pour lutter contre la génercide, comme une question clé dans l'agenda de la politique de développement post-2015. » Décryptage. Quel besoin ont-elles de savoir de quoi il retourne avec leur sexe et celui des autres ? Résultat du vote : rejeté.
Dés la fécondation, il y a une personne.
Amendement 1, visa 1 bis, vote par appel nominal (vérifiable, donc, sur les tableaux de vote du Parlement européen), Marine et Jean-Marie Le Pen votent pour (avec toute la droite « traditionnelle » !).
Le texte proposé se réfère à « l'arrêt rendu par la cour de justice dans l'affaire C-34/10, dans lequel elle confirme que tout ovule humain, dès le stade de la fécondation, constitue un embryon humain et que ce dernier représente une étape bien précise dans le développement du corps humain ». Décryptage. Ici, c’est le point fondamental pour les adversaires du droit à l’avortement. La base de leur argumentation pour criminaliser l’avortement comme meurtre. Pour eux le fœtus, dès la fécondation, est une personne humaine. Résultat du vote : rejeté
Avant la naissance le fœtus est une personne !
Amendement 2, Considérant P bis, vote par appel nominal. Marine et Jean-Marie Le Pen votent pour, avec toute la droite de nouveau (PPE et ECR).
Le texte « rappelle que la déclaration des droits de l'enfant dispose que tout enfant, sans distinction de sexe, a le droit à une protection juridique, avant comme après la naissance, ainsi qu'à la survie et au développement, et réaffirme que les enfants de sexe féminin bénéficient des même droits au titre de la convention des nations-unis relatives aux droits de l'enfant, adopté par l'Assemblée générale des Nations unies dans sa résolution44/25 du 20 novembre 1989 ». Décryptage. Avant la naissance il y aurait donc un enfant ? Retour au débat antérieur. Résultat du vote : rejeté
L’avortement n’est pas un droit.
Amendement 3, Considérant Q bis, vote par appel nominal. Marine et Jean-Marie Le Pen votent pour (avec PPE et ECR).
Le texte déclare : « Considérant qu'il n'existe aucun droit humain à l'avortement et au choix du sexe d'un enfant dans le droit international, que ce soit en vertu d'un traité ou du droit international coutumier ; et considérant qu'aucun traité international des Nations-Unies juridiquement contraignant ne saurait être explicitement invoqué en tant que norme créant ou reconnaissant un droit à l'avortement ou au choix du sexe d'un enfant. » Décryptage. C’est une habile façon de faire de la lutte contre le féminicide un moyen d’interdire l’avortement. Résultat du vote : rejeté
Les médecins peuvent refuser de pratiquer l’avortement.
Amendement 4, paragraphe 40 bis, vote par appel nominal. Marine et Jean-Marie Le Pen votent pour, avec toute la droite une fois de plus. Leur amendement déclare :
« Reconnaît le droit humain à l'objection de conscience énoncé à l'article 18 de la Déclaration universelle des droits de l'homme et à l'article10de la Charte de droits fondamentaux de l'union européenne ; souligne donc que nul individu, hôpital ou établissement ne peut faire l'objet de pressions, être tenu responsable ou subir des discriminations d'aucune sorte pour son refus de réaliser, de prendre en charge, de faciliter ou d'accepter des pratiques létales de choix prénatal du sexe d'un enfant, le détachement d'une fausse couche ou tout acte susceptible de causer la mort d'un fœtus ou d'un embryon humain en raison de son sexe ; affirme le droit à l'objection de conscience ainsi que la responsabilité de l'Etat de garantir l'accès des patients à des soins médicaux légaux en temps utile, en particulier à des soins de santé prénataux ou maternels d'urgence ; » Décryptage. Là encore sous prétexte de lutter contre le féminicide c’est le droit a l’avortement qui est visé. Résultat du vote : rejeté