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eukraineAu prétexte de la concentration de troupes russes en Crimée, les « occidentaux » jouent a faire peur.

Soyons lucides. La Russie envahissant l’Ukraine ? Pour quoi faire ? Malheureusement pour elle, l’Ukraine va s’effondrer toute seule. Les Russes préfèrent laisser aux seuls Européens la charge d’une contrée ruinée, dirigée par des kleptocrates maniant leurs marionnettes nazies. Un pays dangereux, en proie à une révolte populaire permanente contre une misère sociale que la Troïka va aggraver. Un pays dévasté, qui contient le sarcophage incertain de Tchernobyl et sept autres centrales nucléaires vétustes. D’ici peu, le pétrole et le gaz russes sortiront de Russie par un autre gazoduc et oléoduc. Pourquoi diable la Russie envahirait-elle cet espace ? Pourtant, les gesticulations provocatrices continuent. Sous l’impulsion d’Obama, le G8 est transformé en G7 ! Ce serait risible si ce n’était une telle démonstration d’aveuglement ! Ce ne sera pas la seule. Sous l’impulsion des atlantistes, les Européens ont foncé tête baissée dans une provocation qui les enferme dans une impasse. Une provocation de plus dans la poudrière ukrainienne ! Le 21 mars, ils ont signé le volet politique de l'accord d'association. C’est absurde. Cela fait 5 ans que cet accord nourrit la crise politique ukrainienne et des tensions avec la Russie. Pourquoi avoir précipité sa signature ? D’ailleurs, que vaut une telle signature ? Le gouvernement ukrainien qui signe n’est pas issu des urnes ! Cette signature est donc « illégale » pour reprendre le terme favori du moment. Concrètement, le seul résultat de cette « signature » est d’aggraver la confusion et l’escalade avec la Russie. Et de créer des illusions. Voyons de plus près.

Le document signé forme le « volet politique » de l’accord d’association. Il comprend un préambule, et les chapitres 1, 2 et 7 de l’accord d’association. La signature des autres volets de l'accord, notamment les aspects économiques, a été reportée à une date ultérieure. Ce sera après le 25 mai, date de la tenue des élections ukrainiennes. Dans l’immédiat, l’UE comme le « gouvernement intérimaire » ukrainien ont donc prévu de ne tenir aucun compte de l’avis du peuple ukrainien sur cet accord. Mais, en reportant une partie du texte à une période ultérieure aux élections, les signataires ne font-ils pas eux-mêmes l’aveu de la légitimité très relative de ce qui est signé avant lesdites élections ?

Un accord en préparation depuis des années

Depuis la fin des années 90, l’Ukraine mais également la Russie, le Tadjikistan ou encore l’Arménie, sont liés à l’UE par des accords dits « de partenariat et de coopération ». C’est la phase un de l’annexion. Derrière un affichage de coopération en matière culturelle ou de droits de l’Homme, petit à petit, le marché intérieur, c’est à dire la zone de libre-échange européenne, étend son empire sur ses voisins. Depuis 2007, l’UE tente d’établir une zone de libre-échange avec l’Ukraine. Leur dernière tentative s’est soldée par un échec. Au sommet de Vilnius, en décembre dernier, les États comme l’Ukraine ou l’Arménie, n’ont pas voulu de cet accord de libre-échange, au grand dam de l’UE. Le texte, aujourd'hui signé par les 28 dirigeants de l'UE, vise à arrimer l'Ukraine à l'Union, en engageant les deux parties dans une association politique et une intégration économique. Contrairement aux apparences ce texte ne prévoit pas à terme l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Dès lors, cette signature ne fait que creuser un peu plus le fossé entre les « Occidentaux » et la Russie. Et c'est tout. C'est le seul but recherché par une petite camarilla d'exaltés sans aucun sens des réalités. 

Le Conseil européen adopte les néo-nazis

Cette signature « symbolise l’importance des relations » des deux parties et « leur volonté de les faire aller de l’avant », a relevé le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy dans un tweet. Pauvre bobard. Mais a quel prix politique ! Le Conseil européen n’émet aucune réserve sur le nouveau gouvernement ukrainien. Il « note avec satisfaction que le gouvernement ukrainien est déterminé à faire en sorte que les structures gouvernementales soient représentatives et ouvertes à tous et reflètent les diversité régionales ». Pourtant, l’actuel gouvernement de Kiev n’a pas été élu, n’est qu’un gouvernement transitoire avec lequel il est très surprenant de signer un accord d’une telle conséquence. D'autant plus que ce gouvernement provisoire est sous l’influence comme chacun l’admet dorénavant de cinq ministres issus d’un parti se référant ouvertement au nazisme, le parti Svoboda. Comme il a fallu ferrailler pour faire admettre par ceux qui n’avaient pas envie de le voir tant ils sont aveuglés de sentiment anti russes! Je me fais donc un devoir de rappeler à chaque occasion que le parlement européen lui-même avait voté le 13 décembre 2012 une résolution sur la situation en Ukraine, condamnant toute alliance avec le parti Svoboda. Il déclarait “que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l'Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s'associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier”. Depuis la règle serait de fermer les yeux…Ainsi quand Oleg Makhnitsky également membre dirigeant du parti Svoboda a été récemment nommé procureur général d'Ukraine. Qui s’est inquiété des problèmes que cela pourrait poser aux « standards juridiques » défendus par l’Union Européenne ?

Le conseil européen traite la Russie en ennemie.

En fait, dans le contexte d'escalade belliqueuse avec la Russie il s'agit surtout pour la Commission d'envoyer un signal fort de soutien au sulfureux « gouvernement » de fait de l’Ukraine. Le commissaire européen chargé de l'élargissement et de la politique de voisinage, Stefan Füle, insiste sur ce point : « On veut montrer à la Russie qu'on soutient toujours l'Ukraine ». Thierry Repentin renchérit « Il faut accompagner l'Ukraine vers un autre avenir. Cet accord établit les bases pour une future négociation politique et fait rentrer l'Ukraine dans un grand forum démocratique. » L’impudence d’un tel discours s’agissant de néo nazis est sidérante. Son renoncement a faire de la Russie un partenaire respecté ordinaire est au moins aussi consternante. Dans cet état d'esprit belliqueux le Conseil européen a décidé d’annuler également le prochain sommet UE-Russie et les prochains sommets bilatéraux périodiques. Il demande également à la Commission européenne et aux États membres de préparer « d’éventuelles mesures ciblées ». On se demande bien lesquelles ! Traiter la Russie en ennemie est absurde. C’est contraire aux faits tels qu’ils se sont déroulés en Ukraine. C’est également contraire à l’intérêt des européens. Il faut espérer que chacun des acteurs financiers et économiques garde son sang-froid. Car on ne doit jamais perdre de vue l’implication en Russie des entreprises les plus diverses mais non les moins importantes d’Allemagne et de France.

UN TEXTE D’ANNEXION ECONOMIQUE DE L’UKRAINE PAR L’UE

Le préambule, non contraignant, fixe l'objectif de l'accord. L'accord a pour but « d'accélérer l'approfondissement des relations politiques et économiques entre l'Ukraine et l'UE, ainsi que l'intégration progressive de l'Ukraine dans le marché intérieur de l'UE, y compris en mettant en place un accord de libre-échange approfondi et global . »

L'Ukraine y est définie comme un pays européen partageant « une histoire et des valeurs communes » en faisant également mention de ses « aspirations européenne ». Et L'UE de se féliciter du choix européen de l'Ukraine y compris son engagement à bâtir une démocratie solide et durable et une économie de marché. Ce texte c’est celui qu’il était prévu de signer avec le précèdent gouvernement ukrainien composé alors de voyous kleptocrates chassés par la rue. A présent les signataires sont des voyous d’extrême droite flanqués d’autres voyous oligarque. Mais qu'est-ce que l'Ukraine à a y gagner ? De devenir pire que la Grèce ?

Le chapitre 1 énonce les grands principes de l'accord, qui serviront de base pour les politiques internes et externes de l'Association entre l'UE et l'Ukraine. Que du bon en marbre de péplum. Le respect des principes démocratiques, des droits de l'homme, des libertés fondamentales et la primauté du droit… mais surtout le respect du principe d'économie de marché. Il rappelle aussi le droit des minorités. Mais l'on peut s'interroger sur sa mise en œuvre réelle par un gouvernement qui vient justement de supprimer le russe (parlé par une partie de la population) des langues officielles. Quelqu’un devrait leur envoyer une copie de la charte des langues régionales rédigées exactement pour ce genre de cas !

Le chapitre 2 aborde le dialogue politique. L'accord d'association prévoit l'intensification du dialogue politique UE-Ukraine et de la coopération. Il s’agit de faire converger progressivement les normes dans le domaine de la sécurité commune et de la politique étrangère ( PESC) ainsi que de la sécurité commune et la politique de défense commune (PSDC ). L'accord prévoit ainsi une coopération militaro-technique sous l'égide de l'Agence de Défense européenne. Il s'agit d’opérer un rapprochement décisif entre l'Ukraine et l'UE. Et donc par ricochet l'OTAN à laquelle l’UE ne cesse de se référer pour définir sa politique de défense et sécurité. C'est un enjeu diplomatique essentiel aux yeux des états-uniens qui cherchent ainsi à affirmer leur suprématie jusqu’aux portes de la Russie. Dans cet emballement guerrier l'objectif de maintien des frontières de l'Ukraine incluant la Crimée est très présent dans l’accord. Bref, l’OTAN demande à contrôler les bases russes de Crimée ! Rêve ! En tout cas l’enthousiasme de l’UE pour le principe d'inviolabilité des frontières et d'intégrité territoriale est touchant. En effet quand il s’est agi de l’indépendance du Kosovo ces principes ont bizarrement été mis entre parenthèse et le sont encore.

Le chapitre 7 énonce les dispositions générales et institutionnelles.L'accord d'association pose le cadre institutionnel des relations UE-Ukraine et énonce certaines dispositions générales dont : Le rapprochement progressif de la législation de l'Ukraine aux normes et standards de l'UE dans un délais de 2 à 10 ans, soit la fameuse harmonisation. L'accord précise que cette harmonisation serait soumise à une évaluation continue conditionnant l'ouverture du marché pour les opérateurs économiques ukrainiens. Enfin en cas de non respect des termes de l'accord un Mécanisme de règlement des différends est envisagé, pour les aspects économiques il fonctionnerait sur le modèle des tribunaux d'arbitrage mis en place par l'OMC, qui permettent de violer la souveraineté des peuples en toute légalité.

Bien que la signature des volets économiques soit repoussée, l'UE et le FMI n'attendent pas pour mettre la corde au cou du peuple ukrainien.

Premièrement un prêt d'un milliard d'euros, a été proposé le 19 mars par la Commission européenne. La Commission parlementaire des affaires étrangères dont je fais partie en a été simplement avertie par un courrier du commissaire européen Oli Rehn adressé au président du Parlement européen, Martin Schulz. Car pour la première fois, la Commission explique tranquillement que ce projet d’aide ne passera pas par la consultation du Parlement. Sous prétexte de l’urgence de la situation la Commission européenne ne veut pas de l’avis des députés européens Or, pour aucune révolution ou crise, ce procédé n’a été utilisé. Pas même dans le cas tunisien, pour lequel nous bataillons en ce moment même avec la GUE/NGL. Là nous refusons que la condition pour verser l’aide soit liée aux réformes structurelles que l’UE prétend aussi imposer en Tunisie.

De son coté le FMI se prépare à la saignée. Le gouvernement ukrainien a demandé un prêt de 35 milliards de dollars d'aide sur deux ans au FMI pour faire face aux troubles économiques et politiques du pays. Les aides de l’UE et du FMI à l’Ukraine représentent un lourd passif. Déjà en 2011, un plan d’aide du FMI avait été refusé car le pays n’avait pas daigné appliquer correctement les saintes doctrines libérales du fonds. Je m’étais déjà opposé en mai 2010 lors de la proposition d’une aide financière comme toujours conditionnée au bon respect des mesures du FMI. La même logique d’étranglement est à l’oeuvre dans l'accord d'association proposé par l'UE à l'Ukraine qui est en train d’aboutir dans la précipitation après 5 ans de polémiques. Voilà aujourd’hui que le FMI se dit « impressionné » par la volonté de réforme des dirigeants ukrainiens. Dès sa sortie de prison, la corrompue Ioula Timochenko avait déjà invité à signer au plus vite un tel accord. Pourtant, même le lobby bancaire international (Institut International de la Finance) prévient : “Ce sont des réformes très douloureuses", en évoquant notamment un doublement des prix du gaz et une réduction du déficit budgétaire de l'ordre de 4,5% du PIB. Les clowneries anti russes des nouveaux amis neonazis de l’UE ne suffiront pas à faire oublier la faim, le froid et les mauvais traitements contre les ukrainiens révoltés, j’en prends le pari

Enfin, est prévue une baisse des droits de douane pour les importations en provenance d'Ukraine. Cette dernière mesure, qui devrait permettre à l'Ukraine d'économiser un demi-milliard d'euros sur un an, a été approuvée par la Commission le 15 mars. Elle devrait entrer en vigueur dans les prochaines semaines, après approbation du Conseil et du Parlement. Et permettre ainsi aux ukrainiens de gouter un peu plus les joies du marché libéral européen dont les peuples sont si friands, c’est bien connu.

Ce que les autorités intérimaires et non légitimes de Kiev préparent avec l’UE et le FMI illustre la confiscation en cours de la révolution ukrainienne. Le gouvernement ukrainien met la corde au cou du peuple ukrainien, avec l'aide de la Commission européenne, experte en méthodes autoritaires. Cet accord a été avalisé par le Conseil européen des 20 et 21 mars, sans qu’un seul chef d’État ou de gouvernement ne trouve pour le moins la procédure douteuse, à défaut de constater les ravages des réformes structurelles du FMI. Les « socialistes «  de toute l’Europe n’ont pas trouvé un mot à redire !


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