Monsieur le Président de la République,
Je souhaite appeler votre attention à propos de la situation de monsieur Edward Snowden.
En Juin dernier, cet homme courageux révélait par le détail certains programmes de contrôle de masse permettant aux Etats-Unis de surveiller les conversations de millions de citoyens et d’institutions européens. Il mettait ainsi à jour un vaste système d'espionnage de l'Union européenne et de ses Etats membres. La France n’a pas été épargnée. En prouvant ce procédé, Edward Snowden savait qu’il courait un grand risque face a un pays connu pour la violence de ses procédés, comme l’attestent aussi ses prisons dites "secrètes" et son centre de torture de Guantanamo. Mais pouvait-il imaginer l’ingratitude de ceux qu’il a contribué si utilement à protéger ?
J'avais immédiatement demandé à ce que la France offre l'asile politique à ce bienfaiteur de l'Europe qui a permis de démasquer ce complot. Vous avez choisi de refuser cet asile. Vous avez même, sur un ordre d’un bureau aux Etats-unis, interdit l'espace aérien de la France à l'avion présidentiel d'Evo Morales, croyant que Snowden s'y serait caché.
La Commission européenne a, de son côté, choisit ce moment pour entamer le cycle de négociation sur le Grand Marché Transatlantique. Alors qu'il était établi que Les Etats-Unis avaient espionné le mandat de négociation européen, pourtant tenu secret aux parlementaires eux-mêmes !
A-t-on jamais vu qu’un citoyen si utile ait été plus mal traité ? Par respect pour notre dignité nationale, j’évite ici la mention des personnages très douteux qui ont au contraire été honoré par les plus hautes distinctions dans nos ordres nationaux. Puisque mon pays se montre si indiffèrent pour son bienfaiteur Edward Snowden, j'ai décidé d'agir avec mon groupe GUE/NGL. J'ai proposé la candidature de Snowden au prix Sakarov du Parlement européen, permettant qu'il soit retenu parmi les trois finalistes.
De son côté, la commission "libertés civiles, justice et affaires intérieures" du Parlement européen a finalement été saisie pour établir la preuve de la "surveillance de masse" des citoyens européens. Dans ce cadre, convoqué en même temps où il est interdit de séjour, monsieur Snowden a répondu à l'écrit aux questions des députés en charge de cette enquête. Ses réponses soulignent l'inutilité de ces programmes de surveillance en matière de terrorisme : "aucun gouvernement occidental n'a pu établir de preuves tangibles démontrant que de tels programmes sont nécessaires". Mais aussi que cet espionnage concerne également le secteur économique.
Snowden conclue en demandant à nouveau l'asile en Europe mais "les membres des gouvernements m'ont dit que les États-Unis, et je cite, "n'autoriseront pas" les partenaires européens à m'accorder un asile politique. Je recevrais n'importe quelle offre pour un transit sûr ou un asile permanent, mais je reconnais que cela demanderait un acte de courage politique extraordinaire".
Monsieur le président, j’ai l’honneur de solliciter cet asile politique pour monsieur Snowden. Je crois que vous pouvez désobéir aux injonctions des Etats-Unis comme nombre de vos prédécesseurs dans votre mandat l’ont fait sur des sujets autrement plus conflictuels. La France s’honorerait à mettre un terme à l’ostracisme indigne dont est frappé monsieur Snowden par ceux-là même à qui il a rendu un si éminent service.
Dans l’attente, je vous prie de croire, monsieur le président, à mes très vifs sentiments républicains.