Déclaration commune de
Jean-Luc Mélenchon, députée européen, Parti de Gauche (France)
et Fabio De Masi, député européen, Die Linke (Allemagne)
Mme Merkel gouverne-t-elle la France ? Le rapport de MM. Pisani-Ferry et Enderlein n’est rien d’autre que l’adoption par François Hollande du programme Merkel. Chaque jour apporte une nouvelle offensive de la droite allemande contre le peuple Français et ses droits sociaux. L’avis de la Commission européenne sur le budget français marque une nouvelle étape dans l’autoritarisme libéral : la droite allemande dicte désormais au gouvernement français ce qu’il doit faire. La Commission n’est que son instrument pour masquer la soumission du gouvernement Hollande à mme Merkel au détriment du peuple français. C’est l’apothéose d’une offensive globale notamment à travers la lettre du 20 octobre dernier des ministres allemands Schäuble (droite) et Gabriel (PS) demandant à la Commission plus de fermeté contre les Etats en déficit. Les propos belliqueux du Commissaire Oettinger contre la France n’étaient qu'une honteuse sommation de plus.
C’est un nouvel épisode du coup d’Etat financier à l’œuvre dans l’Union européenne depuis 2011. La décision de la Commission de ne pas rejeter en bloc les budgets de la France et de l'Italie fin octobre n'était ni un renoncement à l'austérité ni un nouveau pragmatisme économique. C'était une demande de Mme Merkel pour accentuer l’odieux chantage aux réformes structurelles, nouvelle remise en cause insupportable de la souveraineté des peuples. C’est vrai en Grèce ou en Espagne, c’est vrai aussi en France.
Ces réformes structurelles ne visent jamais l'oligarchie. Elles épargnent les banques, les grandes fortunes, les firmes transnationales. Elles s'en prennent aux travailleurs, aux chômeurs, aux retraités et aux jeunes. Ces attaques sur les revenus populaires étranglent l'économie réelle, volent dans la poche du plus grand nombre, gage des bienfaits de la France. C’est la cas en Allemagne depuis les réformes anti-sociales de Gerhard Schröder et du SPD. C’est désormais le cas dans toute l’Europe.
La nouvelle troïka Merkel-Hollande-Moscovici poursuit le même but que celle qui sévit en Grèce : pressurer les peuples pour enrichir encore l’oligarchie. Dans nos deux pays, la droite et les sociaux-démocrates s’accordent sur cette politique. Ils votent ensemble les textes européens. Dans toute l’Europe, cette politique d’austérité et l’alliance des sociaux-démocrates avec la droite nourrissent l’extrême-droite, qu'ils agitente ensuite avec cynisme comme un épouvantail.
Pendant ce temps, le dumping et l'évasion fiscale criminelle des grandes entreprises comme dans le cas du Luxembourg, demeurent légaux selon les Traités européens. Aucune disposition pour mettre en place des taux d'imposition minimaux n’est prise.
C’est la conséquence du dogmatisme du Traité de Lisbonne. Cette Europe n’est pas réformable – Nous avons besoin d'un nouveau départ. Il faut rompre avec cette Europe pour refonder les relations entre nos peuples sur une base démocratique, sociale, écologique. Nous avons besoin de nouveaux traités dans l'intérêt des peuples européens et ces nouveaux traités devraient être ratifiés par référendum dans les 28 Etats Membres. Nous devons discuter de comment gérer le système de l'euro.
L’euro doit être soumis à la souveraineté populaire. La BCE devrait directement financer les investissements publics des Etats afin de relancer l'économie, au lieu d'acheter des titres louches comme des titres adossés à des actifs auprès de banques zombies. L'oligarchie économique doit être sujette à un impôt sur la richesse pour les millionnaires. La richesse des millionnaires, 17 000 milliards d'euros, dépasse la dette publique totale des 28 Etats membres d'environ 11 000 milliards Au niveau des Etats membres, l'accord sur la double taxation avec des paradis fiscaux doit être suspendu et l'activité économique doit être taxée à sa source. La directive sur le détachement des travailleurs montent les travailleurs européens les uns contre les autres. Nous exigeons que les législations nationales sur les salaires ne puissent pas être évités par l'externalisation des embauches par des agences d'emploi en provenance des pays de l'UE avec des salaires plus bas. Ce libéralisme de marché ouvre la voie au racisme et à l'extrême- droite.
Les banques et les agences financières qui aident à l'évasion fiscale doivent perdre leur licence. Nous le savons tous : la dette publique des états ne sera jamais payée compte tenu de son montant et des politiques de coupes budgétaires qui anémie l'économie réelle.La relance écologique et sociale remplirait au contraire les carnets de commande des entreprises. Elle redonnerait du ! Sens à la vie des gens extraits de la pauvreté et du chômage. Elle donnerait un horizon libérateur à nos sociétés. En Europe comme dans chaque pays, il faut partager les richesses et rendre la souveraineté au peuple. La crise c’est eux, la solution c’est le peuple et la satisfaction de ses besoins souverains !