L’ambiance lunaire habituelle de la dernière session du parlement de Strasbourg était aggravée par l’odeur de sang qui régnait sur maints débats.
Par exemple celui sur l’accord signé avec la Géorgie. Il s’agit d’un accord d’annexion économique dans le style de ceux que l’Union passe avec tous ceux qu’elle veut engloutir. Au cas particulier de la Géorgie, elle aggrave la politique absurde d’encerclement et de provocations anti-russes. Cela me glace. Sont-ils conscients de ce qu’ils font ? Dans l’hémicycle je crois que non. En fait je veux le croire. Au moment du vote de cette stupidité, le président de séance, l’allemand du PS Martin Schultz invita la salle sur ce ton inimitable qui est le sien à applaudir la présence dans les tribunes du Tchakachvili. Ce tyran grotesque dont « l’élection » en Géorgie avait été dénoncée par la mission d’observation du parlement européen quand elle eut lieu cette farce. Et tous ces amis des droits de l’homme bla bla debout d’applaudir une ganache violente et cruelle. Que dirent les observateurs intègres et indépendants ? Rien. Pourtant le monsieur applaudi avait réglé ses comptes avec la presse Géorgienne en installant des chars dans le hall des chaines de télévision. Aucun des ravis du parlement n’a eu honte de ce qu’il était en train de faire. Je préfère croire alors que c’est parce que vraisemblablement ils ne savent rien de ça. On lui a dit « Poutine méchant, Djakachvili gentil ! Montre que tu as compris toi aussi : applaudi le gentil ! Oncle Sam sera content ! ». Et les animaux de la ferme d’applaudir. La guerre étend son ombre. Et avec elle les mentalités sectaires. Dans le couloir, un député de droite qui a dû lire l’article du « Monde » où je suis représenté comme un pion dans les doigts de Poutine, me crie dessus « voilà l’ami de Poutine ! ». Je devine ce que sera la suite pour moi et quelques autres quand ces ahuris auront allumés l’incendie.
Auparavant on avait dénoncé les prisons secrètes de la CIA en Europe. Beaucoup étaient troublés. Par la torture, pour beaucoup, quoique deux ou trois énergumènes la défendirent. Mais d’autres craignaient surtout l’exagération des critiques contre les USA. Dont le président de la commission des affaires étrangères, citoyen d’un pays voisin ami outre Rhin, le député de droite Helmar Broke. Quelques cyniques félicitèrent les USA « qui se corrigent eux-mêmes » avant d’enchainer avec de nouveaux couplets contre la Chine, la Russie et le reste des pages jaunes de l’annuaire de la CIA. Quand à demander des comptes aux Etats membres de l’Union Européenne qui ont accueillis ces prison et aidé à la torture…. On verra une autre fois, en dépit des efforts de plusieurs orateurs. J’avais écrit à la Commission pour lui demander ce qu’elle comptait faire sur ce sujet avec les Etats concernés. Peut-être la Commission est-elle en effet aussi préoccupée des déficits de droits de l’homme dans ses frontières que de ceux des budgets nationaux ? En tous cas personne n’a rien su de ma très officielle question. Les médias qui détestent le manque de sérieux de Closer, ne s’y sont pas intéressés. Il n’y a d’ailleurs aucune enquête publiées en France sur les prisons en question, aucuns témoignages publiés, aucun responsable questionné. Rien. De mon côté j’ai aussi ma responsabilité dans ce silence. Si j’avais voulu qu’on en parle j’aurais dû écrire à Junker : « eh ! Pauvre cloche !, tu es d’accord avec la torture puisque tu ne fais rien contre ». Aussi la meute aurait bondit hors du chenil, affolée par l’odeur du buzz qui fait des clics : « Melenchon insulte Juncker ! » « Melenchon accuse Junker d’être pour la torture ». Il tempête, il éructe, il gronde, il s’emporte. A la pizzeria « Libération » le ketchup aurait coulé à flot ! Hélas j’étais trop occupé à relever à Paris mes pièges à médias, bien garnis ce début d’hiver.
Le danger de la nouvelle guerre froide déclenchée par les USA contre la Russie est dorénavant assez violent pour que la peur du vide émeuve les pays du sud de l’Europe. Ceux-là voient trop comment le régime des sanctions économique frappe d’abord l’Europe autant et même davantage que la Russie. La contraction du commerce avec l’immense voisin, la fonte des réserves en rouble ébranlant les riches « investisseurs » russe qui pullulent dans nos pays, tout cela superposé à l’absurde politique allemande qui a déjà plongé l’Europe dans la récession, conduit au chaos. François Hollande lui-même a dit qu’il n’y avait aucune raison d’aggraver les sanctions. Le contraire de madame Merkel ! N’est-il pas temps qu’il ait aussi sa caricature en pion de Poutine ? Ou bien en pédalo sur la mer d’Aral ? Le Valls italien, Matéo Renzi aussi prend peur ! Ils peuvent, tous ! Le malaise de la Russie s’allégera à mesure que l’Eurasie prendra forme et que s’intensifieront les échanges avec la première puissance mondiale voisine, la Chine. Que restera-t-il alors de la gloriole européo centrée, des donneurs de leçons de coupe de cheveux ? L’Europe d’aujourd’hui est un nouveau naufrage de notre civilisation européenne.