mar 15 14

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Au parlement à Strasbourg. Je vois passer une pile de vote pour des aides aux travailleurs licenciés… En fait une « aide à la délocalisation ». Car l’Union européenne dispose d’un outil d’accompagnement des conséquences sociales de sa désastreuse politique. C’est le fond européen d'ajustement à la mondialisation (FEAM) ! Il est conçu pour « soutenir les travailleurs licenciés, principalement dans les régions et secteurs défavorisés par l’ouverture à l’économie mondialisée ». Dans la novlangue de l’Union, il s'agit ainsi de pallier aux « potentielles conséquences négatives » de la politique de libre-échange.

Cette semaine, les demandes concernaient les salariés de l'industrie. La politique de libre-échange de l'Union européenne fait des ravages. On constate que les produits « hors-UE » et plus principalement en provenance d'Asie sont de plus en plus présents sur le marché européen. Au détriment des producteurs locaux, évidemment. À présent, des secteurs clefs de la production de base sont atteints. Ainsi, l'Union européenne a perdu sa première place dans le monde pour les ventes de produits chimiques. De 35,2% de part de marché en 1992 elle est passée à 17,8% en 2012. En moins de dix ans, la Chine s'est imposée, passant de 8,7 % en 2002 à 30,5 % du marché en 2012. Les différences de coûts salariaux, de fiscalité et de réglementation expliquent évidemment ce renversement. Au détriment d’abord bien sûr des salariés européens. Ici il s’agit de 600 travailleurs polonais licenciés suite à la liquidation de leur entreprise. Idem dans le secteur de l'énergie solaire où 80 % de la production chinoise est exportée vers l'Union. À la demande musclée de madame Merkel, l'UE a renoncé en 2013 à imposer les droits punitifs de 47 % sur les modules solaires chinois soupçonnés de dumping. Dès lors, le prix de vente minimum fixé reste inférieur au coût de production des fabricants européens ! 657 travailleurs allemands licenciés dans ce secteur. Enfin, dans le secteur stratégique de la sidérurgie on constate un recul brutal de la part de marché de l'Union européenne: de 16,6 % en 2006 à 11,7 % en 2011. Dans la même période, la part de marché de la Chine est passée de 33,7 % à 45 %. 708 travailleurs belges licenciés dans ce secteur.

Dans les cas où les entreprises résistent à la concurrence mondiale, le « fond d'aide à la mondialisation » est quand même là pour encourager les restructurations. Le cas d'Arcelor-Mittal est particulièrement révélateur. Avec un excédent brut d'exploitation de 7 milliard d'euros en 2014 le groupe a tout de même licencié près de la moitié (752) de ses employés sur son site de Liège. Il prévoit de le fermer complètement d'ici à 2017. L'entreprise Américaine Caterpillar entend bien bénéficier des mêmes avantages et profiter de ce fond pour délocaliser sa production en Asie. Ne doit-elle pas accroître son bénéfice actuel de 3,7 milliards de dollars en 2014 ? Elle a commencé à le faire en licenciant 663 travailleurs de son site Belge. Enfin, le groupe St Gobin (avec un bénéfice 2014 de 595 millions d'euros) veut lui aussi délocaliser sa production vers l'Europe de l'Est ou le « coût salarial » est moins élevé, du fait de l'absence d'harmonisation européenne des salaires. 257 travailleurs belges y perdront leur gagne pain.

En fait d'ajustement à la mondialisation il s'agit bien de tenter d’accompagner les effets d’une politique industrielle européenne sans autre objectif que la « profitabilité ». Les quelques 150 millions annuels dont l'Europe dispose à travers ce fond ne suffiront évidemment pas comme solutions pour les travailleurs jetés a la rue ! C’est là que l’Union donne toute la mesure de son cynisme ! Car elle suggère l’air grave et sérieux aux victimes de « créer leurs entreprise ». Révoltant !


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