Cette semaine aura lieu au Parlement européen l'habituelle désignation du Lauréat du Prix Sakharov. Je ne reviendrai pas sur l'origine de ce prix censé récompenser la liberté de l'esprit et qui s'applique à récompenser l'anticommunisme primaire. Rappelons qu'il a été par deux fois attribué aux soi-disant « dissidents cubains ». Mais puisque l'attribution de ce « prix pour la liberté de l'esprit » est un des rares pouvoirs, parfaitement symboliques, de ce Parlement, qui n'en est pas vraiment un, utilisons-le !

Je note que l'absurde tropisme antirusse est toujours bien présent dans l'enceinte du Parlement européen puisque deux candidatures (sur huit) ne visent qu'à provoquer le gouvernement de Moscou. Il s'agit de l'inénarrable Boris Nemtsov, présenté comme un « leader de l’opposition en Russie » qui se distinguait régulièrement par ses expressions xénophobes et racistes régulières. Notamment à propos des Tchéchènes qu’il comparait à des « cafards » et qu’il recommandait de liquider physiquement !  La candidature Nadia Savtchenko, pilote militaire ukrainienne rejoint le même objectif de raviver les tensions entre l'UE et la Russie. Les opposants au gouvernement de la révolution bolivarienne du Venezuela sont également à l'affut pour promouvoir la candidature des représentants de la « table de l'unité démocratique » dont le putchiste Lepoldo Lopez et les manifestants de l'opposition « pacifique » pourtant équipés de cocktails Molotov et d'armes de guerre.

Mon groupe, la GUE/NGL, propose, lui, de récompenser les lanceurs d'alertes.

La proposition concerne plus précisément Edward Snowden qui a révélé l'espionnage de masse pratiqué par les USA et dont j'avais d'ailleurs soutenu la candidature au prix Sakharov en 2013. Mais aussi Antoine Deltour, à l'origine de la révélation du scandale sur les arrangements fiscaux pratiqués au Luxembourg (Luxleak). Et enfin Stéphanie Gibaud à l'origine des révélations concernant l'évasion fiscale pratiquée par UBS entre la France et la Suisse. Ces candidatures courageuses méritent notre soutien. Je salue également le travail de Edna Adan Ismail, une activiste somalienne qui se bat pour l'abolition des mutilations génitales féminines, dont la candidature a également été proposée.

Mais parmi les huit candidats proposés, je retiens particulièrement le profil de Raif Badawi, écrivain et blogueur saoudien qui a créé en 2008 le site Free Saudi Liberals sur lequel il militait pour une libéralisation morale et religieuse de l'Arabie saoudite. Alors que Manuel Valls, en déplacement en Arabie Saoudite, s'empresse de multiplier les signes favorables envers le régime saoudien, je veux soutenir ce jeune blogueur. Accusé d'apostasie et d'insulte à l'islam, il a été condamné à 1 000 coups de fouet et 10 années de prison et est emprisonné depuis juin 2012. L'application de la sentence de flagellation a débuté le 9 janvier 2015, suscitant des protestations de plusieurs gouvernements puis de l'ONU mais sans bien sûr entraver les relations commerciales avec l'Arabie Saoudite.

Je crois pour ma part que la vie de ce jeune homme vaut plus que les 10 milliards de contrats signés aujourd'hui par la France avec ce pays aux pratiques barbares datant du Moyen-âge et je soutiens sa candidature au prix Sakharov.