Voici ci-dessous une lettre adressée par mon groupe GUE/NGL à la Commissaire en charge des Affaires extérieures de l'UE, Mme Federica Mogherini
Madame la Haute représentante,
Depuis un mois, l'armée turque a exécuté conjointement avec les policiers des forces spéciales une opération d'une violence sans précédent contre les villes situées dans la région kurde de Turquie. 10.000 hommes appuyés par des chars et des hélicoptères sont mobilisés pour cette offensive qui a transformé le Sud-Est du pays en une zone de guerre.
La répression s'est aggravée, là encore d'une manière sans précédent depuis 2002 dans les zones urbaines de la région, avec plus de cinquante couvre-feux dans 18 villes kurdes et les districts. Les représentants élus, y compris du HDP qui a reçu plus de 10% des voix lors des dernières élections législatives, ont été particulièrement visés, ainsi que des universitaires qui ont signé une pétition dénonçant ces opérations.
Ces violences ont touché plus d'un million de personnes et ont déjà conduit à l'exode de plus de 200.000 habitants de la région. Les principales victimes du conflit sont des civils, avec 360 tués, dont 61 enfants et 73 femmes, le 13 janvier. Un climat de terreur semble être de plus en plus présent parmi la population.
La primauté du droit et le respect des libertés fondamentales sont contraignantes pour tout gouvernement qui frappe à la porte de l'UE. Le gouvernement turc a le devoir de protéger les personnes vivant sur son territoire, quelles que soient leurs origines culturelles et religieuses. Les opérations qui affectent les populations kurdes et qui sont dirigés sans discernement ainsi que le recours systématique à des couvre-feux représentent une punition collective inacceptable contre laquelle nous nous élevons.
Voilà pourquoi nous, membres de la GUE/NGL du Parlement européen, vous exhortons à intervenir auprès des autorités turques en vue de mettre fin à ce cycle de violence qui conduit progressivement à une spirale de guerre civile, renvoyant la Turquie 20 ans en arrière, et nous demandons à l'UE de jouer un rôle de médiateur pour ramener les parties à la table de négociations et de reprendre le processus de paix interrompu en avril 2015.
Sincèrement vôtre,