Le 16 février, la Commission a dévoilé sa nouvelle stratégie sur les importations de Gaz Naturels Liquéfiés (GNL). En effet, suite à la diminution de la production de GNL en Europe les importations augmentent. Ainsi en 2014, et pour la dixième année consécutive, les États membres ont importé plus de 50% l'énergie consommée. Et un tiers de ces importations de gaz proviennent de la Russie dont certains Etats membres sont presque entièrement dépendants. Aussi pour couvrir les besoins énergétique de l'UE la Commission propose d'augmenter les importations de GNL, principalement celles en provenance des USA ou du Canada, pour évidement contrebalancer le poids de la Russie.
Ainsi, deux mois après la COP21 de Paris la Commission a déjà oublié ses engagements en faveur de la réduction des gaz à effet de serre. Et plutôt que de prévoir la transition vers les énergies renouvelable, elle accentue la dépendance aux énergies carbonées. Car le gaz naturel est une ressource fossile et est principalement composé de méthane, un gaz à effet de serre 86 fois plus inducteur de réchauffement climatique que le dioxyde de carbone. De plus près de la moitié du gaz naturel produit aux États-Unis, et qui sera donc exporté vers l'Europe, est constitué de gaz de schiste obtenu par fracturation hydraulique. Or la fracturation hydraulique est une technique d’extraction de gaz naturel emprisonné dans du schiste extrêmement nuisible à l'environnement : pollution des nappes phréatique, tremblement de terre… Les taux d’émissions récemment enregistrés indiquent que la concentration de méthane dans l’air a augmenté de manière catastrophique dans les régions productrices de gaz de schiste des États-Unis. Mais le gaz de schiste y connait un tel essor que Washington a levé son interdiction traditionnelle d’exporter de l’énergie. Et plusieurs projets d’exportation de gaz de schiste liquéfié ont déjà été approuvés.
Mais aussi, en acceptant que l'approvisionnement énergétique soit dépendant des importations la Commission met en péril la sécurité énergétique de l'UE en affaiblissant toujours plus ses capacités de production. La transition énergétique doit s'effectuer en investissant dans les énergies renouvelables, pour produire ici, ce que nous consommons ici. Et certainement pas en construisant des pipeline pour acheminer une énergie toujours plus polluant et toujours plus lointaine.
Enfin alors que le TTIP est en train d'être négocié on peut, sans peine, imaginer que cette proposition vise surtout à permettre aux USA d'exporter du gaz de schiste en Europe. Pour mieux, par la suite imposer l'exploitation de ces gaz de schistes directement en Europe, avec le renfort si besoin des tribunaux d'arbitrage qui n'hésiterons pas à condamner les Etats récalcitrants. D'ailleurs en France, la recherche d’hydrocarbures de schiste vient d'être à nouveau autorisée sur cinq départements (Ardèche, Drôme, Gard, Hérault et Vaucluse), après avoir été interdite en 2011 par la loi Jacob sur la fracturation hydraulique. Et ce malgré l'opposition nationale à ces projets qui se réunira le 28 février à Barjac (Gard) pour rappeler que la France, comme l'Europe, devrait plutôt renoncer à l’exploitation des hydrocarbures de schiste et concentrer ses efforts financiers et technologiques sur la conversion écologique de notre appareil productif.