mar 16 07

pesticide2L'autorisation du glyphosate, substance phytopharmaceutique, prend fin au 30 juin 2016 dans l'Union Européenne. La Commission européenne doit d'ici là décider de le garder ou non sur la liste des substances actives autorisées.

Sur fond de querelle scientifique, c'est le poids des lobbies agrochimiques qui s'exprime dans ce dossier. Ainsi, en mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a évalué le glyphosate, la substance active du RoundUp, l'herbicide le plus utilisé au monde et commercialisé par la multinationale américaine Monsanto. Dans cette étude, le CIRC estime que le glyphosate est « probablement cancérogène » pour l'être humain. Mais quelques mois plus tard, en novembre 2015 l'agence européenne de santé alimentaire (EFSA) publiait a son tour une évaluation du glyphosate, dans laquelle elle estime, au contraire, que le glyphosate « n'est probablement pas cancérogène ». Enfin, l'agence française (ANSES) a elle aussi rendu son rapport, en février 2016, dans lequel elle annonce qu’une classification dans la catégorie des substances suspectées d'être cancérogènes pour l'homme peut se discuter. Elle estime en conséquence nécessaire que le classement du glyphosate soit rapidement revu par l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA).

Et au-delà de la substance active, les co-formulants contenus dans les préparations à base de glyphosate soulèvent des préoccupations, en particulier la tallowamine. L’Agence française lance donc une évaluation sur les risques liés aux co-formulants présents dans l’ensemble des préparations phytopharmaceutiques et propose de réévaluer les autorisations de mise sur le marché des préparations associant glyphosate et tallowamine. Suite à ce dernier rapport de l'ANSES, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, a demandé le retrait des autorisations de mise sur le marché des herbicides contenant du glyphosate mélangé à des adjuvants à base de tallowamine.

On se souvient que déjà en juin 2015, Ségolène Royal prenait position contre le glyphosate déclarant que « La France doit être à l'offensive sur l'arrêt des pesticides, j'ai demandé aux jardineries d'arrêter de mettre en vente libre le Roundup® de Monsanto ». Avant d'annoncer qu'il ne s'agissait en fait que de limiter l'achat de ces produits qui devront être vendus non plus en rayon mais au comptoir. En bref, le Round up restait autorisé.

Mais aujourd'hui, alors que la décision du renouvellement de l'autorisation du glyphosate est en cours et que la Commission semble bien souhaiter poursuivre l'utilisation de cette substance, la France pourrait réellement s'y opposer. En effet selon les règles obscures de la comitologie (processus décisionnaire de la Commission européenne) le comité en charge du dossier glyphosate est l'une des 14 sous-composantes du comité d'étude Plantes, animaux, nourriture et aliments (PAFF), la sous-composante « phytopharmaceutique ». Ce comité est composé de représentants de chaque état membre. Cependant la composition exacte de ce comité ne nous est pas communiquée, pas plus que les documents de travail et les débats qui sont tenus confidentiels. Ce comité se réunira le 7 et 8 mars 2016 pour prendre une décision à la majorité qualifiée (représentant 65% de la population européenne). Et si aucune majorité ne se dessine, le choix reviendra à la seule Commission.

Plutôt que des déclarations hypocrites, la France doit saisir cette opportunité de s'opposer à la prolongation de l'autorisation du glyphosate en Europe et se préparer à désobéir si besoin à une prolongation de l’autorisation européenne !


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