La CIA est aujourd'hui accusée d'avoir fait obstruction à une enquête du Sénat américain sur la torture pratiquée par celle-ci. En 2010, déjà, 920 pages de preuves avait disparu du dossier que la CIA avait remis aux enquêteurs du Sénat. Aujourd'hui sur le point d'être publié, ce rapport dévastateur met la lumière sur les « techniques d’interrogatoire musclées » pratiquées par la CIA entre 2002 et 2006, sans résultat aucun sur la sécurité du pays, par ailleurs. L'agence nie évidement avoir tenté de bloquer la diffusion de ce rapport, mais elle est néanmoins soupçonnée de s'être introduite dans les ordinateurs du Sénat pour en « vérifier » le contenu, c'est à dire pratiquer de l'espionnage sur les élus de sa propre nation.
Et pendant ce temps là, au Parlement européen, on nous demande d'approuver un rapport sur la torture. Heureuse coïncidence. Mais ce rapport bon sur le fond, puisqu'il condamne sans équivoque la torture et la peine de mort, ne met pas une seule fois en cause les USA qui pourtant pratiquent l'une et l'autre. Les prisons secrètes de la CIA sont officielles, Guantanamo n'est toujours pas fermé et la technique dite « de la baignoire » est publiquement revendiquée par la CIA. Les États-uniens n'ont pas de timidité ni de gène à en parler, à en juger par ceux qui aujourd'hui accusent publiquement la CIA ou par Edward Snowden, qui a eu le courage de révéler l'espionnage pratiqué par la NSA. Cela fait tout de même beaucoup. Pas assez pour pousser les doux bavards a mettre un nom sur ceux qu'ils dénoncent. Car pour ne pas froisser nos « partenaires » américains, il n'est pas question d'en parler. Le rapport reste donc dans les généralités les plus iréniques. A quoi bon écrire des rapports qui condamnent la torture si c'est pour passer sous silence ceux qui la pratiquent ?