Monsieur Junker, l’homme de la « dernière chance de l’Europe », a « mis sur la table » plus de trois cent milliards d’euros.
En fait il s’agit d’une grosse arnaque à têtes multiples. Arnaque : sur 315 milliards annoncés, il n’y en a que 5 avancés réellement qui soient nouveaux. Et encore. Ils viennent de la Banque Européenne d’Investissement qui, de toutes façons, les aurait sortis de ses caisses si son travail était fait, c’est-à-dire si elle trouvait de l’appétit d’investissement dans l’économie réelle. Et le reste ? D’où vient le reste de la somme annoncée ? D’abord d’un regroupement de 21 milliards de fonds européens déjà programmés. Et c’est tout. Le reste ce sera une garantie donnée pour des investissements publics ou privés acquis par l’emprunt auprès des banques privées. Elaguez les bavardages : l’Europe se porte caution pour 315 milliards d’investissements privés ! Autrement dit elle assume le risque de ces investissements. C’est le nouveau capitalisme à la sauce européenne ! Junker a en effet débarrassé le capitalisme de son principal inconvénient pour les actionnaires des banques: le risque ! La prise en charge du risque social que couvrent les régimes d’indemnisation du chômage, ou celle du risque santé que couvrent les régimes sociaux sont toujours trop « généreux ». Mais la prise en charge du risque capitaliste est toujours insuffisante. Ici enfin, à hauteur de 315 milliards, ce risque est tout simplement annulé. Il est totalement pris en charge par la collectivité.
Ce n’est pas la seule très bonne manière faites aux banques dans cette opération. Les prêts qu’elles feront, sur garantie de l’Union européenne, elles pourront aussi en faire un usage magique : les titriser. C’est-à-dire les répartir en petits morceaux dans de bons et titres qu’elles proposeront à leur client comme placement. Donc si un de ces magnifiques agrégats venait à s’effondrer, la partie titrisée serait à charge de la collectivité ! Youpi. Quelle fête pour les banques que ce Junker ! J’hésite à déprimer mon lecteur en lui annonçant encore une nouvelle de ce genre. Mais il le faut. Junker a encore trouvé une utilisation supplémentaire pour son « plan de relance ». C’est d’exiger « en échange » (de quoi ?) une réduction de la « bureaucratie ». C’est-à-dire de faire sauter les réglementations qui encadrent l’investissement dans les secteurs de l’énergie et des transports ! Génial ce Junker. Mais, mes amis ce n’est pas encore fini. Voici encore un délice de plus. Si les états mettent au pot de ce fonds d’investissement, la somme qui y viendra ne sera pas comptée dans les déficits publics. Pour savourer cette idée souvenons-nous que les investissements nationaux eux sont comptés dans les déficits ! Je vous mets au défi de trouver l’analyse que je viens de vous présenter dans la presse officielle. Les hérauts habituels des vertus du capitalisme se sont cachés où ?