La Commission européenne vient d’autoriser l’importation et la commercialisation sur le territoire européen de 19 organismes génétiquement modifiés (OGM) destinés à l’alimentation animale et humaine. La décision porte à 75 le nombre des OGM autorisés à l'importation pour la commercialisation dans l'UE.
Ces OGM pourront être utilisés pour de nombreux usages. Ainsi, le soja MON87769 de Monsanto, entre dans la composition « d'une variété de produits alimentaires, notamment des aliments cuisinés, des céréales et des graines pour petit déjeuner, des fromages, (…) des pâtes et des sauces, des viandes, des jus de fruits transformés, des snacks, des bonbons (…) mais aussi l'aquaculture ». D'autres peuvent être utilisés pour de l'huile de friture ou bien des biodiesels, des désinfectants ou des savons.
Et si les États membres restent théoriquement libres d'interdire la commercialisation de ces produits sur leur territoire, il s’agit d’un leurre : dans le cadre des règles actuelles de l’Union européenne, les États qui l'interdiraient n'auraient aucun moyen d’empêcher la concurrence sur leur propre territoire de produits animaux fabriqués avec des OGM dans d’autre pays. Pire, les pays qui voudront interdire ces importations ne pourront pas mettre en avant les risques que peuvent présenter les OGM pour la santé et pour l’environnement. Car l’évaluation de ces risques relève de la compétence exclusive de l’EFSA (l'Autorité européenne de sécurité des aliments).
Par cette décision, la Commission européenne confirme sa soumission aux lobbies des multinationales des OGM. En effet, il s'agit par cette décision d'envoyer un signe positif aux groupes agro-chimiques nord-américains et allemands qui sont les producteurs directement concernés (Monsanto et Dupont pour les USA et Bayer et BASF pour l'Allemagne). Les OGM restent en effet un point de discorde avec l'UE dans le traité de commerce et d'investissement (TTIP) en cours de négociation. Mais l'autorisation des OGM intéresse aussi les firmes agroalimentaires européennes, ou, de fait, allemandes. D'ailleurs, en Allemagne, les aliments OGM sont déjà importés en masse pour nourrir le bétail (80 % des importations allemandes de soja provient de cultures d'OGM).
Aussi, alors que la majorité du peuple allemand et une partie de son gouvernement continue de rejeter l'idée des OGM, Angela Merkel les défend. Un porte-parole du ministère de l'Économie allemande a même souligné, qu'une interdiction nationale engendrerait de nombreuses questions juridiques à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Une manière de dire que, pour respecter la sacrosainte « libre circulation des marchandises », l'Allemagne renoncerait à interdire les OGM sur son territoire, et donc sur le reste du continent.