Mercredi, j’étais à Bruxelles au Parlement européen pour l’adoption du sempiternel « programme de travail de la Commission ». Un document truffé de bla bla général sans valeur contraignante. Comme d’habitude dans les grandes circonstances, la résolution qui nous était proposée résultait d'un accord préétabli entre la droite, les libéraux, les sociaux-démocrates et même les Verts. Le contenu est sans surprise : 24 pages et 121 propositions visant à « renforcer la concurrence » qui « favorise l'innovation » et à favoriser la mobilité des travailleurs via l'application de la directive sur les travailleurs détachés et autres sornettes ordo-libérales. Tout ce qui fait haïr ce « machin » est ici récapitulé avec la pédanterie et la condescendance qui est la marque de fabrique de ces gens qu’aucun des désastres qu’ils ont provoqué avec leur politique n’émeut un instant !
Si j’en parle, c’est parce que la curiosité m’a conduit a regardé comment votaient les PS européens. La ligne Corbyn les a-t-elle atteints ? Neni, hélas ! Serez-vous surpris d’apprendre qu’ils n’ont eu aucun scrupule à voter ce texte qui fait l'éloge des traités de libre-échange, essentiels « pour mettre en place un cadre économique européen compétitif » ? Leur enthousiasme, et leur reniement traditionnels vont jusqu’à mettre l'accent sur « l'importance d'un accord de partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) ». Les ballots qui ont cru leurs promesses de campagne européennes sont une nouvelle fois traités comme du bétail électoral par le PS.
Comme si cela ne suffisait pas ces fermes soutiens de la Commission Juncker et autres « Institutions » ont voté contre les amendements déposés par mon groupe, la GUE/NGL. Peut-être ne les ont-ils même pas lus. Juste par réflexe pavlovien ont-ils levé la main systématiquement contre nous. Le résultat est affligeant. Ils ont ainsi voté contre l’amendement qui demandait « la mise en place de plan d'urgence pour soutenir l'économie des pays où la Troïka est intervenue (…) et permettent les dérogations nécessaires au fonctionnement du marché unique et aux politiques communes ». Ils ont également voté contre notre amendement, pourtant très descriptif démontrant que « que la réponse de la Commission européenne à la crise économique, sociale et démocratique, comme le cadre de gouvernance économique, prive de façon permanente les gouvernements et Parlements nationaux souverains et démocratiquement élus des États membres de tout choix politique et les peuples d'Europe de tout contrôle démocratique ». Sans doute parce que, comme l’a dit Juncker : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités ». On verra que cette sorte de certitude ne tiendra pas aussi longtemps que les puissants de ces jours peuvent le croire.