En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a évalué le glyphosate, la substance active du RoundUp, l'herbicide le plus utilisé au monde et commercialisé par la multinationale américaine Monsanto. Dans cette étude le CIRC estime que le glyphosate est « probablement cancérogène » pour l'être humain. Mais quelques mois plus tard, en novembre 2015 l'agence européenne de santé alimentaire (EFSA) publie a son tour une évaluation du glyphosate, dans laquelle elle estime, au contraire, que le glyphosate « n'est probablement pas cancérogène ».
Comment comprendre l'évaluation de l'agence européenne ? Doit-on la soupçonner d'incompétence ou de complaisance avec les producteurs d'OGM ? Car alors que l'évaluation du CIRC a été effectuée en toute transparence, par des experts indépendants de l'industrie chimique, de nombreux soupçon pèsent sur l'étude menée par l'EFSA.
Ainsi, dans une procédure opaque, l'agence européenne a fondé son avis sur des études "scientifiques" non-publiées dans leur intégralité et non validées par d'autres scientifiques ainsi que sur des études rédigées par le Groupe de travail européen sur le glyphosate, un consortium d’entreprises de l’agrochimie. De plus, alors que pour produire un herbicide comme le Roundup le glyphosate est utilisé avec des adjuvants, l'EFSA s'est limitée à évaluer le glyphosate pur. C'est à dire très éloigné des conditions réelles d'utilisation des herbicides.
En définitive, L'EFSA ne semble pas tout à fait compétent sur les questions d'OGM. On se souvient qu'en octobre dernier, l'agence avait autorisé la mise sur le marché de plusieurs maïs transgéniques, commercialisés par l’agrochimiste suisse Syngenta, sans même s'apercevoir que les modifications génétiques ne correspondaient pas à celles indiquées par le fabriquant. Ces maïs commercialisés en Europe pour l'alimentation humaine depuis plusieurs années sont d'ailleurs toujours autorisés.
En fait, il s'avère que justement l'autorisation du glyphosate dans l'UE prend fin au 30 juin 2016. La Commission européenne doit d'ici là décider de le garder ou non sur la liste de l'UE des substances actives autorisées, condition préalable pour permettre aux 28 de réévaluer l'autorisation des pesticides qui contiennent du glyphosate sur leur territoire. Et la Commission semble bien souhaiter poursuivre l'utilisation de cette substance. En effet elle autorise sans cesse l'exploitation de nouvelles plantes OGM résistantes aux glyphosate, c'est à dire génétiquement modifiées pour supporter des fortes doses herbicide à base de glyphosate et qui dès lors, en encouragent l'utilisation. Lors de la dernière sessions au Parlement européen je me suis opposé à l'autorisation de mise sur le marché de pas moins de 3 soja OGM, produits par Monsanto et Bayer, et résistant aux glyphosate, ainsi qu'a des herbicides contenant du dicamba et la protéine CP4 EPSPS. Et bien que le rejet de ces OGM ait été majoritaire, la décision revient à la Commission et les objections du Parlement européen ont été impuissantes.
L’usage massif de pesticides est aujourd'hui directement en cause dans des problèmes majeurs de santé publique (leucémies, autisme…). Les coupables sont connus : le lobby agrochimique et les agences européennes qui s'y soumettent.
La souveraineté de nos décisions ne peuvent plus être abandonnées à la Commission européenne engluée dans une idéologie productiviste. Pour affronter les multinationales de l'agrochimie il nous faudra aussi sortir des traité européen.