On ne les regrette pas. Mais leur chute se fait d’une façon qui est glaçante ! Les « marchés » sont ouvertement plus forts que toute structure et institution politique. Dans le cas de Berlusconi, l’éditorial du journal « Le Monde » leur en donne acte comme d’un exploit dont « la gauche n’a pas été capable ». Etrange satisfecit. Mais la leçon se lit vite : à quoi bon une opposition si les marchés suffisent ? A quoi bon la démocratie ? Vous verrez bientôt comment les tenants de la « seule politique possible » ne se contenteront plus d’accompagner les coups de force de la finance, ni même de les justifier. Ils les appelleront ! La dérive autoritaire de l’Europe, son habituel mépris pour les votes populaires va devenir une culture politique banalisée pour la cohorte des satisfaits de droite et de la gauche social centriste. La nomination du nouveau premier ministre grec fait gagner un pari à l’un de mes proches camarades. En effet il annonçait que le tour d’un ministre « technicien », « économiste reconnu » arriverait désormais très vite en Grèce. Comment le savait-il ? Simple. Cet épisode a déjà eu lieu dans tous les pays occupés par le FMI. C’est un classique. Comme vous le voyez rien de ce qui se passe ne comporte de surprise. La suite n’en comportera pas davantage. Seul le rythme des événements est imprévisible. Pas leur contenu. Amusons-nous de constater que si la Banque Centrale Européenne ne prête pas directement aux Etats de l’Union, elle leur prête gratuitement ses membres pour être gouverné. Les socialistes grecs gouvernent avec la droite et l’extrême-droite. Où sont les protestations des Hollande et compagnie ? L’ami de Zapatero n’a pas de raison de protester. Il est d’accord. Son silence indique qu’il ferait sans doute de même le cas échéant. Ses amis du Parti Socialiste Européen ne lui laisseraient pas davantage de choix qu’ils ne l’ont fait avec Papandréou à qui ils ont fait remballer son référendum et quitter le pouvoir.
Je reviens encore un instant à la Grèce. Pour montrer une des absurdités auxquelles conduisent les montages et usines à gaz inventés pour protéger avant toute chose le cœur du système financier. Depuis des mois, le gouvernement privatise à tour de bras et à vil prix. Le dernier sommet de la zone euro a demandé au gouvernement grec de trouver encore 15 milliards d'euros et de mener fermement le plan de privatisations. Pour mémoire, en juin dernier, le gouvernement grec s'était engagé à vendre ses participations dans la Banque postale fin 2011 et dans la Banque agricole en 2012. Changement de consigne. Si tout doit être privatisé, ce ne sera pas le cas des banques. A l’inverse, le gouvernement grec est mis dans l’obligation de nationaliser les banques qui ne le sont pas ! Papandréou l'avait annoncé au lendemain du sommet : "Il est très probable qu'une partie importante des actions des banques passera sous le contrôle de l'Etat". Car les banques grecques sont les plus « exposées » à la dette grecque. C'est normal. Elles détiennent 44 milliards d'euros d'obligations de l’Etat. Avec la décote de 50% sur la dette du pays, l'autorité bancaire européenne estime qu'elles auront besoin de 30 milliards d'euros pour se recapitaliser. Donc le gouvernement va les nationaliser pour éponger lui-même la somme manquante. Mais il n’a pas cette somme, bien sûr. Il l’empruntera. Vous avez bien compris, le gouvernement grec privatise pour payer sa dette aux banques. Mais pour sauver ses banques il les nationalise. Donc en annulant une partie de sa dette, le gouvernement grec va augmenter sa dette ! L’absurde stupidité de ce système ne s’arrête pas là. La logique du libéralisme est implacable : privatiser les profits et socialiser les pertes. Georges Papandréou ne s'en est pas caché : "Après une restructuration, nous les remettrons sur le marché, comme d'autres pays l'ont fait. C'est une procédure normale et il n'y a aucune raison d'en avoir peur." Encore une fois, l'Etat va payer pour les erreurs du privé puis rendre au privé pour qu'il puisse recommencer à se gaver. Jusqu'à la prochaine crise. C’est très bientôt.
@ Cadmos
"ces deux coups "de force", puisque ce ne sont pas des coups d'état à proprement parler, qui viennent en une semaine de renverser les gouvernements de la Grèce et de l'Italie sans élection"
Dès lors que la démocratie est bafouée, ce sont des coups d'état, comme en fût un le traité de Lisbonne refusé par la grande porte du NON démocratique citoyen français, que l'on fait rentrer plus tard par la fenêtre du parlement sous une nouvelle mouture (du pareil au même avec d'autres mots)
ps : je viens juste de m'apercevoir que mon adresse de messagerie ne fonctionnait plus ; je viens donc de la rectifier
Cadmos petit rappel du programme Front de Gauche chapitre 7 "S'affranchir du traité de Lisbonne et construire une autre Europe" apparaît comme un premier pas pour se sortir de ces institutions qui n'ont aucun respect pour la démocratie.
Cher Mr Mélenchon,
Vous êtes l'un des rares députés européens à informer les citoyens, et c'est pourquoi je me permets de m'adresser à vous. Car la démocratie vient d'être bafouée, dans le silence général, à peine a-t-on entendu quelques vagues murmures, par les institutions non élues de l'union européenne.Comme vous siégez dans un groupe parlementaire anti-libéral et démocratique, j'espère que vous pourrez protester contre ces prises de pouvoir illégitimes. Le groupe auquel vous appartenez compte des représentants de plusieurs pays (12). Je n'en vois pas d'Italie.(Peut-être avez-vous des contacts avec Refondation communiste ou le SEL de Vendola ?). Peut-être que ces députés se sont émus des derniers évènements. Je pense qu'il est important que tous ensemble vous leur donniez le retentissement qu'ils méritent.
L'UE est devenue une forteresse libérale où règnent des pratiques anti-démocratiques de plus en plus patentes, jusqu'à ces deux coups "de force", puisque ce ne sont pas des coups d'état à proprement parler, qui viennent en une semaine de renverser les gouvernements de la Grèce et de l'Italie sans élection. Les technocrates ont enfumé les peuples jusqu'en 2005. Combien d'entre nous se sont laissé naïvement appâter par les discours de "paix" pour le traité de Maastricht ? Il paraissait long et hasardeux, le chemin qui menait d'un accord monétaire et économique à une fédération d'états partenaires. Mais ils ont réussi, Mitterrand en tête, à nous le faire miroiter. Puis les coups de force se sont multipliés (en France, en Irlande, aux Pays-Bas) contre le suffrage populaire. Les sociaux-démocrates ont participé à la mise en oeuvre de l'usine à gaz, collaborant à toutes les décisions de la commission et du conseil. Gaz très efficace pour aveugler les peuples. Et même les anesthésier.
Espérez-vous encore vraiment changer d'Europe ? Quand ? Comment ? Avec qui ? Ne croyez-vous pas plutôt qu'il faille aujourd'hui la combattre ?
J'attire votre attention sur le fait que les souverainistes sont beaucoup plus souvent d'extrême-droite, à part quelques gaullistes ; les quelques partisans d'une sortie de l'euro à gauche, très isolés, ne suffisent pas à représenter un sentiment populaire de plus en plus fort. Nous sommes livrés en pâture au pouvoir économique et financier, antidémocratique et antisocial d'institutions imposées. La représentation parlementaire européenne est dépourvue de pouvoirs réels. L'UE devient dangereuse, elle asservit les peuples, les oppose et les muselle. Les mâchoires du piège se referment.
Ne laissez pas à l'extrême-droite le monopole d'un programme de sortie de l'euro (et de l'UE). Quid d'une 6eme république française dans ce carcan ? Comment comptez-vous changer les institutions d'un état qui ne déciderait plus de son budget ni peut-être même de son gouvernement ?
Le tableau est d'un admirable réalisme ! Ceci dit , les peuples (justement indignés !) ne doivent-ils pas aller plus loin que vous ne le proposez, et REPUDIER les dettes d'état sur le marché international (Obligatoire pour les pays de l'Euro et de l'Europe de Maastrich par une entourloupe de plus faite aux peuples ...) de l'ultra-capitalisme ??? Le Japon ( qui est loin d'être un modèle ! ) n'a pas de problème avec "le marché" car 95 % de sa dette est japonaise . Il n'y a que Christine Lagarde pour lui intimer de réduire sa dette ... on devine avec quelles méthodes ! Quant à la sortie de l'Euro, elle est surtout dramatique si on laisse dire que notre dette continue à être en Euros et non reconvertie en monnaie nationale retrouvée. Il faut leur dire que c'est la dette remboursée ( partiellement , il faut bien une sanction aux magouilleurs et à ceux qui espèrent en profiter ! ) en monnaie nationale ou RIEN: joué mais tout perdu ! Les Russes ont répudié leurs dettes au temps de Lenine , et ce n'est pas cela qui les a fait échouer à faire un système socialiste . Il est extrèmemement dommageable que les Le Pen s'emparent de ces idées qui n'ont rien d'extrème-droite au départ ! Ceux qui ne sont pas dans l'Euro ont-ils à le regretter ? Cet Euro ne permet même pas d'acheter une goutte de pétrole, et donc qu'il soit considéré comme une monnaie forte est inepte ! S'il doit subsiter, d'accord pour qu'il serve alors une AUTRE EUROPE au service des peuples et non de la finance , et aussi qu'il soit une monnaie à part entière et universellement acceptée au même titre que le dollar , sinon on n'en a pas besoin !