Au mois d'octobre, nous mettons les bouchés doubles avec deux sessions plénières.
Pour la première 34 textes étaient soumis au vote : la médiatique directive Tabac, mais aussi une résolution dénonçant les prisons secrètes de la CIA, comme toujours des accords de libre-échange, plusieurs accords de pêches …
Quelques heures passées dans l’hémicycle du parlement européen sont totalement démoralisantes. Non seulement c’est une addition de pleurnicheries sans conséquences face au désastre qui s’avance mais l’adjonction d’une épaisse couche de vœux pieux achève d’écœurer. Parfois un éclat perce la muraille de grisaille. Ainsi quand Svoboda (Social démocrate) s’adressant au robot de la commission, l’androïde Olli Rhen, lance que le ministre des finances allemand Wolfgang Schaüble se comporte comme un colonialiste. Naturellement Olli Rhen s’en contrefiche. Ici tous les gens importants se fichent de tout. Ils appliquent les recettes libérales les plus stupides, ils récitent le catéchisme, ils restent assis le visage fermé et ils attendent que les blablas des parlementaires soient finis. Un point c’est tout. Un orateur l’a d’ailleurs dit aussi crûment que je l’écris ici. Mais tout le monde s’en fiche aussi. L’androïde Olli Rhen n’a pas bougé un doigt. Peut-être dort-il ou bien quelqu’un l’aura débranché pour économiser ses batteries.
Ce matin 17 Avril, c’était la situation à Chypre. Minable. Une série de mises en cause virulentes devant une commission aussi lourde et peu maniable que nos bancs. Au milieu des discours construits, quelques délires . Ainsi quand Cohn-Bendit a révélé la solution idéale qu’il nous a postillonné avec ferveur : l’unification de l’ile pour encourager les Turcs à investir à Chypre, et l’exploitation du gaz et du pétrole. On se pince. Pauvre diablotin qui a perdu ses dents. C’est d’un libéral qu’il aura fallu entendre dénoncer la responsabilité des banques dans l’ile et les déséquilibres fiscaux en Europe. Bref : une déroute intellectuelle de plus face à la montée des périls.
J’étais à Strasbourg lundi et mardi. J’y retourne jeudi et vendredi. Mais la session de novembre est annulée. Elle devait avoir lieu à Bruxelles. Malheureusement les piliers qui soutiennent l’hémicycle sont fissurés. Et tout menace de s’écrouler. Cette allégorie de l’Etat de l’Union fait évidemment les gorges chaudes des mauvais plaisants de la maison. Ils sont nombreux. J’ai une bonne nouvelle pour vous. L’armée de robots euro béats qui peuple le Parlement européen semble hésiter. D’habitude elle débite avec ferveur les mantras du néolibéralisme cuit dans la soupe de droite ou social-démocrate. Cette semaine au Parlement européen, il y a un écho du bruit des rats qui quittent le navire pourri de l’Europe austéritaire. Je devais mentionner cette nouvelle ambiance au parlement européen. C’est tellement nouveau ! Après le dernier sommet européen, si creux et vain, plusieurs intervenants dans l’hémicycle ont commencé à s’interroger publiquement sur l’efficacité du prétendu remède que serait l’austérité. La panique commence à poindre.