Intervention de Jean-Luc Mélenchon en séance plénière du Parlement européen à Strasbourg le 15 septembre 2009, lors de l'audition de José Manuel Barroso, candidat à sa reconduction comme Président de la Commission européenne.
Monsieur le candidat à la présidence,
Les institutions ne permettent pas à la gauche de présenter un candidat. Nous dénonçons cette situation de candidature unique et les accords politiques entre gouvernements de droite et les sociaux démocrates qui la rendent possible. En effet cette situation nie l’existence d’une large opinion européenne totalement opposée au modèle de construction libérale de l’Europe que vous incarnez.
Ce modèle est celui qui précipite l’idéal européen dans un abîme d’abstentions hostiles aux élections européennes notamment dans les nouveaux Etats membres. Ce fait ne vous tire pas un mot de commentaires.
Ce modèle est celui qui a transformé le rêve d’une Europe protectrice en une machine a détruire nos droits sociaux, nos industries nationales et qui dresse les peuples les uns contre les autres pour gagner leur pain. De plus en plus nombreux sont ceux qui disent : «d’Europe il ne vient jamais rien de bon !»
Monsieur Barroso vous n’avez pas vu venir le désastre financier et la catastrophe écologique en dépit des nombreux avertissements qui vous ont été adressés. Au contraire, vous l’avez facilité avec cette dictature de la concurrence libre et non faussée qui étrangle nos sociétés, détruit l’esprit civique et nos services publics.
Et maintenant vous changez les mots pour ne pas changer les choses. Mais votre programme se résume en une phrase : «dorénavant ce sera comme auparavant». C’est pourtant d’un grand changement dont nous avons besoin pour tourner la page du passé de ce système archaïque du capitalisme financier et du productivisme ! Les crises vont s’aggraver, nous le savons tous. Le changement pourrait donc commencer par le refus de vous investir. C’est pourquoi notre délégation vous refuse ses suffrages.