15 enfant meurent de faim toutes les 90 secondes dans le monde: « l’acte d’accusation le plus accablant et le plus cinglant d’un système économique injuste, exploiteur, irrationnel et historiquement honni
Intervention de João Ferreira, eurodéputé GUE/NGL pour le Parti Communiste portugais
Madame la Présidente, la déclaration finale adoptée à l’issue du dernier sommet de la FAO par ses 193 pays membres n’est malheureusement qu’une goutte d’eau dans l’océan de la lutte contre la faim. Aucun délai n’a été fixé et, surtout, aucune ressource concrète ni aucune condition n’ont été établis en vue de s’attaquer au fléau qui touche plus de six milliards d’êtres humains.
D’après les données disponibles, pendant les 90 secondes seulement qu’il me faut pour prononcer mon intervention, 15 enfants mourront de faim dans le monde. Cela constitue l’acte d’accusation le plus accablant et le plus cinglant d’un système économique injuste, exploiteur, irrationnel et, par conséquent, historiquement honni.
C’est un système qui est basé sur des politiques et des lignes directrices réelles et maintenant, M. Michel, sur des protagonistes et une rhétorique libérale qui ont conduit à la situation actuelle: la promotion du modèle agro-industriel, compatible avec la protection des intérêts de la grande industrie agroalimentaire, et l’appauvrissement qualitatif subséquent du secteur agricole mondial; des années et des années d’investissements inappropriés dans l’agriculture, de promotion de l’abandon du secteur agricole et de liquidation des petites et moyennes exploitations agricoles, un secteur qui assure la subsistance de 70 % des populations pauvres du monde.
Le fondamentalisme commercial, les politiques de privatisation et de libéralisation et le libre-échange ont abouti, et continuent d’aboutir à l’abandon des terres, à la concentration de la propriété terrienne et à une production dominée par quelques-uns et à la dépendance alimentaire de la masse.
Des experts estiment qu’il en coûterait 44 milliards de dollars pour surmonter le fléau de la malnutrition chronique. C’est une somme beaucoup plus modeste que celle que les États membres ont donnée aux grands brasseurs d’affaires pour les sauver de l’actuelle crise systémique.