sept 10 07

Lothar BiskyIntervention de Lothar Bisky, Président du groupe GUE/NGL

Monsieur le Président, Monsieur Barroso, (…) vous devez admettre, comme nous tous ici, que la confiance des citoyens européens s’étiole (…)

Les citoyens ont aussi vu des paquets de mesures de sauvetage et de relance économique représentant des milliards d’euros engloutis par les banques dites «d’importance systémique», et ils ont assisté un peu partout à l’accumulation de dettes publiques dangereusement élevées. Ils se demandent à présent qui est responsable de cela, surtout quand, malgré une amélioration des perspectives économiques, ils doivent supporter le poids des mesures d’austérité prises par les États membres. Ces mesures d’austérité entraîneront une augmentation du prix des services publics, une diminution des prestations sociales, des coupes dans les services d’éducation, des baisses de salaire, une durée de travail plus longue avec la perspective d’une retraite incertaine et des conditions de travail souvent précaires.

Les protestations vont bien au-delà des pays les plus touchés par la crise. Aujourd’hui, les syndicats font la grève en France. Le 29 septembre, les grèves et les manifestations contre les politiques d’austérité des États membres toucheront de nombreuses villes européennes. On avait promis aux citoyens, avec le traité de Lisbonne, une Union européenne plus sociale et plus démocratique. L’Union européenne, en ce compris la Commission et le Parlement, perdrait tout simplement sa crédibilité si elle affirmait à présent que les États membres sont responsables des mesures d’austérité. La réforme effective des marchés financiers relève désormais clairement de la responsabilité de l’Union européenne. Cette réforme pourrait par exemple comprendre l’interdiction des fonds spéculatifs, l’interdiction de la spéculation sur les matières premières et sur les instruments dérivés de produits alimentaires, ou même une taxe sur les transactions financières. C’est également à l’Europe qu’il revient de renoncer à l’idéologie désastreuse de la flexicurité. Nous devrons tous travailler dans ce sens au cours des prochains mois.

La situation dans l’Union est très variable dans les différentes couches de la population, et elle est pleine de disparités. Dans tous les cas, les écarts sociaux se sont encore dangereusement creusés dans les sociétés de l’Union européenne. En cette Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, des sommes importantes, des milliards d’euros, ont servi à renflouer les banques ou à les garantir. Ces sommes n’ont pas profité aux personnes qui sont réellement défavorisées socialement, et elles n’ont pas été consacrées à l’éducation.

Personne ne veut contester ni minimiser les réussites de l’Union européenne. Mais il ne servirait à rien ni personne de camoufler les disparités bien réelles qui existent au sein de l’Union. Je voudrais moi aussi, pour conclure, dire un mot à propos des Roms de France. Je pense que l’Union européenne a une bonne tradition. Cependant, quiconque essaye de combattre les anxiétés sociales aux dépens d’une minorité de la société, en recourant qui plus est à des moyens injustes, commet un abus de pouvoir politique. Je tiens à le dire clairement: pour une Communauté qui met un point d’honneur à défendre les droits de l’homme universels et les valeurs morales, il est tout simplement inacceptable de profiter ainsi des anxiétés sociales. Ces valeurs morales et ces droits de l’homme s’appliquent aux Français, aux Polonais, aux Anglais, aux Espagnols ou aux Allemands dans l’Union européenne, mais aussi aux Sintis et aux Roms qui vivent en Europe.


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