Haïti: au delà des lamentations, agir!
Ce midi se tenait au Parlement Européen, en présence du président d'Haïti, une séance solennelle en hommage aux victimes de l'ouragan du 26 octobre dernier qui a dévasté le pays, faisant sur son passage 54 morts, 20 disparus et 18.000 familles sinistrées selon les sources officielles.
Nous voulons ici réaffirmer notre solidarité avec le peuple Haïtien. Nous voulons aussi exprimer notre colère face à un drame dont les conséquences auraient pu en partie être évitées!
En effet, plus de deux ans après le séisme qui a ébranlé la nation haïtienne, plus de 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Au mois de juin 2012, il restait encore 390.276 personnes hébergées dans 575 camps de fortune selon les chiffres de l'Organisation Internationale pour les Migrations. Ce sont ces personnes qui ont été les premières victimes de cette nouvelle tragédie.
Pourtant l'UE et ses Etats membres avaient promis le déblocage d'une aide conséquence (609 millions d'euros au total) en vue de reconstruire le pays. Qu'est-elle devenue? Est-elle arrivée jusqu'à la population?
La persistance des problèmes dans le pays est le signe que les politiques menées jusqu'à présent sont un échec. En cause, la confusion et l'incohérence des divers acteurs internationaux, publics et privés qui ont imposé leurs "solutions" sans consultation et participation des principaux intéressés: les haïtiens. L'aide envoyée à bien trop souvent servi de prétexte pour asseoir la mainmise de certaines puissances (dont la France et les Etats-Unis) sur le pays.
L'aide qui sera déployée par l'UE et ses Etats membres, doit désormais être mise en œuvre de façon transparente, rapide et dans le plein respect du droit inaliénable du peuple Haïtien à disposer de lui-même. Pour cela les actions menées doivent être mises sous l'égide de l'ONU et des organisations régionales dont Haïti est membre.
En 2005, l’Assemblée générale des Nations unies soulignait que: «les êtres humains ont le droit de vivre libres et dans la dignité, à l’abri de la pauvreté et du désespoir. Nous estimons que toutes les personnes, en particulier les plus vulnérables, ont le droit de vivre à l’abri de la peur et du besoin et doivent avoir la possibilité de jouir de tous leurs droits et de développer pleinement leurs potentialités dans des conditions d’égalité».
C'est à cette condition, et à cette condition seulement que le pays arrivera à se reconstruire. Si on n'apporte pas de solutions aux problèmes structurels de la population, il ne nous restera plus qu'à nous lamenter encore devant de nouvelles hécatombes.