Le Parlement européen s'est prononcé ce matin pour la nomination de Tonio Borg à la Commission européenne au poste de Commissaire à la Santé et à la Protection des Consommateurs par 386 voix pour, 281 voix contre, 28 abstentions. L'ensemble du groupe GUE/NGL a voté contre cette nomination d'un opposant à l'égalité des droits, à l'avortement, au divorce et dont les préoccupations pour la santé humaine et la lutte contre les conflits d'intérêts reste à démontrer.
Le vote avait lieu aujourd'hui, 21 Novembre 2012. Une journée symbolique pour les irlandaises et les irlandais. C'est en effet aujourd'hui leur journée de lutte pour le droit à l'avortement. A l'initiative de mon camarade député européen pour le Socialist Party irlandais Paul Murphy nous avons donc décider de manifester notre solidarité avec les femmes irlandaises devant l'hémicycle du Parlement européen à quelques minutes du vote.
Tonio Borg est l'actuel Ministre des Affaires étrangères et Vice Premier Ministre de Malte.
Il est membre du Part Nationaliste (PPE) particulièrement conservateur.
Tonio Borg est connu pour ses prises de position rétrogrades:
- sur les droits des femmes (il est opposé à l'égalité des droits…)
- sur l’avortement (qu'il refuse même en cas de malformations du fœtus et qu'il a interdit plus que tout autre ministre en interdisant aux femmes suspectées de vouloir avorter de quitter le pays!)
- sur le divorce (à la légalisation duquel il s'est opposé avec 10 autres députés l'an dernier)
- sur l’homosexualité (à laquelle il se déclare…opposé!).
En faire le prochain commissaire à la santé est donc pour le moins préoccupant!
Quelles initiatives législatives un tel commissaire fera-t-il donc passer?
-Rien assurément qui permette de faciliter l'accès des femmes à une contraception.
-Rien, assurément, qui soit favorable à l'avortement. Or en Europe, des femmes se battent encore pour en obtenir le droit (c'est le cas en Irlande par exemple où les femmes manifestent le jour même du vote) ou pour ne pas le voir réduit à néant (en Espagne, en Hongrie, en Pologne etc)
-Rien assurément, qui ne permette d'aider à lutter contre la discrimination des homosexuels et transsexuels face aux soins de santé ou à mettre en place des campagnes de prévention et d'éducation sexuelle non "hétéro normées".
Mais ce n'est pas tout. Le commissaire a tenu des propos pour le moins inquiétants pour notre santé lors de ses auditions les 13 et 20 Novembre.
Il a ainsi déclaré « la science sera son guide pour la sécurité alimentaire »…
Science n'étant pas forcément synonyme d'intérêt général, les députés lui ont demandé de se prononcer sur la question des OGM suite à la récente et inquiétante étude de Gilles-Eric Séralini, il a bredouillé qu'il "fallait laisser ça à des preuves scientifiques".
Quant à la question de savoir s'il traitera mieux que son prédécesseur, le maltais John Dalli, accusé de trafic d'influence, la question des conflits d'intérêts, rien n'est moins sûr:
Questionné sur l'existence de conflits d’intérêts au sein des agences européennes, sujet particulièrement en matière de santé et de protection des consommateurs (cas Mediator, cas des OGM etc), il s’est contenté de déclaré que " ce n’était pas pire qu’ailleurs"…
Voici mon intervention en séance à propos de cette nomination:
"Je vote contre la nomination de Monsieur Tonio Borg au poste de commissaire européen et ce pour plusieurs raisons. Monsieur Borg a manifesté et mis en application dans son pays des politiques opposées au droit des femmes à disposer de leur corps. Je refuse de cautionner de telles politiques. Monsieur Borg a prouvé en maintes occasions son opposition farouche à l'égalité des droits que ce soit entre femmes et hommes ou entre hétérosexuels, homosexuels et personnes transgenres. Je dénonce cette opposition à la reconnaissance de l'égalité de chaque être humain face à la loi. Monsieur Borg fait aussi preuve d'un manque de clarté sur la question des OGM et de l'alimentation en général inacceptable pour quelqu'un qui se prépare à être Commissaire à la Santé et à la Protection des Consommateur. Sans parler de sa désinvolture sur la question des conflits d'intérêts dans les agences européennes. Enfin, c'est un homme de droite et d'une droite dure qui plus est. Autant de raisons qui m'interdise absolument d'approuver sa nomination."