mar 14 20

rechauffement-climatiqueLe Conseil Européen se réunit ce jeudi et vendredi à Bruxelles.
Les dirigeants des pays européens doivent discuter du paquet énergie-climat européen pour 2030. Ils doivent aussi parler du semestre européen et de la façon dont ses politiques néolibérales sont mises en œuvre en Europe. Et de l’Ukraine, qui pourrait bien éclipser les enjeux climatiques.

Parler climat et mesurettes pour ne rien faire

L’objectif de ce Conseil en matière climatique repose principalement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 % en 2030. Or, même cet objectif chiffré à minima, basé sur les émissions de 1990, ne figurera probablement pas dans l’accord final, tant il pose de problèmes à des pays comme la Pologne.

Le dernier rapport du GIEC demandait pourtant d'accentuer les efforts pour maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C au-delà desquels les conséquences seraient désastreuses pour l'humanité. La semaine dernière à Bonn, où les pays membres de la Convention climat des Nations unies étaient réunis, l'ambassadrice de l'Alliance des petits États insulaires, Marlène Moses, avait jugé l’objectif européen bien insuffisant en demandant " aux chefs d'État européens d'être plus ambitieux " pour leur rencontre de ce 21 mars.

En outre, les émissions calculées par la Commission européenne ne prennent pas en compte ce qui est importé dans l'Union Européenne. Lorsque l'on calcule les émissions nettes des imports et exports de l'Union Européenne, cette dernière n'a pas diminué ses émissions de 15% comme elle l'annonce mais de 4% seulement. Moyen pour l'UE de transférer la responsabilité sur d'autres pays et notamment la Chine et les pays d'Afrique du Nord.

La crise ukrainienne tombe donc à pic pour la Pologne pour occulter le débat climatique. Et continuer de relancer son exploitation du charbon sans aucun égard pour les impacts environnementaux et humains.

A la suite des élections européennes, le prochain Conseil européen, en juin, traitera de la désignation du président de la Commission. Autant dire que ce Conseil de mars sera encore un rendez-vous manqué avec l’urgence de répondre à la crise écologique.

La main invisible du « marché carbone »

Le Conseil européen parlera également d'un objectif de 27% d'énergies renouvelables sans mesures d'accompagnement, d’efficacité énergétique sans objectifs, de réforme du marché carbone et bien sûr du renforcement de la libéralisation du marché de l'énergie. Rien ne sera demandé face à l’exploitation des gaz de Schiste.

Mais l’exemple le plus frappant de la politique de l’UE en matière de lutte contre les gaz à effet de serre est sans aucun doute le dossier du marché carbone. Soutenu depuis toujours par les écolos libéraux au premier rang desquels José Bové et Daniel Cohn-Bendit, ce système d’échange de quotas d’émissions devrait, par la magie de l’offre et de la demande, amener les entreprises à diminuer leurs émissions. Les dirigeants européens constatent bien que leur système ne marche pas et proposent, pour éviter que le prix ne soit trop bas, qu'un robot informatique s’occupe de retirer des quotas d’émissions du marché pour en faire monter les prix. La spéculation environnementale peut donc continuer. Et sans politique de planification écologique, les délocalisations permettent de comptabiliser les émissions dans d’autres pays aussi.

Hollande espère tirer la couverture à lui

Le gouvernement français mène des « travaux complémentaires » à la proposition de réforme du marché carbone dévoilée par la Commission européenne en janvier. Le but est d’améliorer « la gouvernance » de cet outil et ne remet donc aucunement en cause ce système hypocrite de marché qui échoue à réduire les émissions comme il devait le faire. 

Les prochaines négociations climatiques internationales auront lieu en France, avec « Paris Climat 2015 ». Hollande cherche à se présenter à la sortie de ce Conseil européen en sauveur, malgré le zéro solution qui va y être acté et la réalité morbide de sa politique anti écologique.

La résistance écologique doit se renforcer

Nous avons assisté à l’échec de sommet de Copenhague, suivi de ceux encore plus cuisants de Cancun, Durban, Doha puis enfin Varsovie. Pourtant, associations et peuples étaient massivement mobilisés à ces sommets sous le même mot d’ordre « Changeons le système, pas le climat ». Mais Copenhague a vu la fin du protocole de Kyoto et donc la fin d’un accord contraignant pour au moins une partie des pays du Monde. Dans ce vide se sont engouffrées les multinationales qui agissent au nom du développement durable. À tel point que lors de la dernière conférence, la plupart des ONG et des syndicats ont quitté le processus de négociation, dénonçant la mainmise des firmes sur les négociations. Du jamais vu.

Nous devons aider à conforter la mobilisation des peuples et des mouvements sociaux. Le sommet des peuples de Cochabamba en avait été une étape. Car l’équilibre climatique est la question centrale de notre politique écosocialiste. Celle de notre capacité, en tant que citoyens, à organiser nos relations avec les écosystèmes nécessaires à la vie humaine.


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