mar 14 26

snowdenAprès les révélations sur l'espionnage états-uniens par Edward Snowden, en juillet dernier, la commission liberté civile, justice et affaires intérieures du Parlement européen a été saisie pour mener une enquête. Il s'agit d'établir la preuve de la "surveillance de masse" des citoyens européens. Dans ce cadre, cette commission parlementaire a demandé une entrevue avec Snowden. Mais ce dernier étant toujours menacé d'extradition s'il venait sur le territoire de l'Union européenne. Une telle hypocrisie de la part de ceux qui l'ont sollicité. Il a néanmoins tenu à répondre, à l'écrit aux questions des députés en charge de cette enquête. Voici ici un aperçu des réponses et analyses de ce héros européen. 

L'espionnage n'a jamais permis de lutter contre le terrorisme.

Edward Snowden commence par affirmer l'inutilité de ces programmes de surveillance en matière de terrorisme : "aucun gouvernement occidental n'a pu établir de preuves tangibles démontrant que de tels programmes sont nécessaires". En effet, des enquêtes de la Privacy and Civil Liberties Oversight Board de laMaison Blanche montrent également que ces programmes n'ont "jamais arrêté une seule attaque terroriste imminente et n'ont aucune base légale". D'ailleurs Mme Merkel, qui a bien des défauts, mais ne peut pas être considérée comme une menace terroriste, a elle aussi été espionnée par ce programme. C'est donc bien que cet espionnage a une autre finalité.

Malgré ces réponses limpides, les députés de droite ont persisté à affirmer que ces révélations avaient"risqué la vie d'innocents et miné les efforts globaux dans la lutte contre le terrorisme"…

Cet espionnage ne concerne pas que la sécurité nationale mais aussi le secteur économique. Bien évidemment. Snowden rappelle les cyber-attaques de la NSA sur les institutions européennes, Belgacom, Swift mais il indique que d'autres ne sont pas encore découvertes, tout comme il existe d’autres programmes que ceux de la NSA.

L'Allemagne et d'autres ont reçu des recommandations directes de la NSA ou par le biais du Département américain de la Défense, pour "dégrader leurs garanties juridiques des communications de leurs pays". Aidée d'une armada d'avocats, la NSA étudie les failles juridiques et fait ainsi tout pour "éviter l'opposition publique". Une fois les changements opérés, "il devient très difficile pour les citoyens d'un pays de protéger la confidentialité de leurs communications, et il devient très facile pour les services intelligents/secrets du pays de donner accès à ces communications à la NSA, même sans les avoir explicitement partagées".

Les clauses de la NSA permettent aussi la surveillance sans avoir averti l'État partenaire. Le résultat est un "bazar européen", dans lequel un État peut donner un accès à la NSA pour surveiller ses données à l'exclusion de celles concernant ses citoyens et réciproquement dans un autre État, sans qu'aucun ne sache comment cela s'insère dans le "patchwork" général de la surveillance.

Les acharnements de l’administration nord-américaine à l'égard de Snowden sont déplorables et ont été jusqu'à " l'atterrissage forcé de l'avion du Président Bolivien" indique-t-il. Il précise également que la loi américaine sur les lanceurs d'alerte ne couvre pas son cas de figure et ce, "volontairement" explique-t-il. Cette loi, passée en 2012, ne concerne pas les contractuels des agences de renseignements comme dans le cas de Snowden, mais seulement les personnes directement employées par la NSA. A la suite de cette affaire, personne n'a jugé bon d'améliorer le cadre juridique de protection de ces héros de la société.

Alors que faire ? Aider Snowden pour aider l'intérêt général !

"Si vous voulez m'aider, aidez-moi en aidant tout le monde: déclarez la collecte aveugle et de masse des données privés par les gouvernements comme une violation de nos droits et qu'elle doit être stoppée". Le Parlement devrait refuser tout accès de la NSA aux communications des Européens. "Le meilleur moyen pour une nation de devenir l'objet de surveillance non nécessaire est de laisser ses espions dicter ses politiques".

Il espère encore un asile en Europe mais "les membres des gouvernements m'ont dit que les États-Unis, et je cite, "n'autoriseront pas" les partenaires européens à m'accorder un asile politique. Je recevrais n'importe quelle offre pour un transit sûr ou un asile permanent, mais je reconnais que cela demanderait un acte de courage politique extraordinaire". J'avais demandé que l'on accorde l'asile à M. Snowden, notamment en sollicitant l'attention de la Commission européenne, en vain.


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