oct 14 31

com eurLa Commission européenne humilie la France. Elle ne censure pas le budget de notre pays ? Et il faudrait se réjouir ? C’est encore au prix d’un nouvel abaissement pour notre pays ! Le gouvernement Valls a capitulé en trois jours devant les injonctions qui lui étaient faites. C’est reconnaître la domination de la Commission européenne sur notre pays après avoir prétendu le contraire. Et malgré cela, le pire est encore à venir.

Voyez le précédent créé ! Chaque année, il faudra donc désormais s’attendre à ce chantage humiliant pour la France : la Commission européen va-t-elle valider le budget du pays avant même que le Parlement ne l’ait voté ? Notez que c’était une mise en scène parfaite pour François Hollande. Les androïdes de la Commission ont réussi l’exploit de faire croire que Hollande ne faisait pas assez d’austérité. Quelle blague ! Cette menace aura aussi été bien utile au gouvernement pour serrer les rangs de sa majorité contre les frondeurs au moment des premiers votes sur le budget. Mais l’essentiel est ailleurs.

Chacun sait désormais que la Commission européenne peut refuser le budget d’un État. Nous avions donc raison d’alerter sur cette logique autoritaire au moment du débat sur le traité budgétaire, le 2-pack et le 6-pack. Nous avions raison de dire, pendant la campagne présidentielle que le reniement de François Hollande sur la « renégociation » du traité européen était le péché originel du quinquennat. Nous défendions la souveraineté du peuple français pendant que Madame Le Pen, aidée par quelques médias bien connus, préférait s’exciter sur la viande hallal dans les cantines et du port de la kippa dans la rue. Dans cette affaire, elle aura été la complice active de la Commission européenne et de François Hollande contre la souveraineté du Parlement et du peuple français sur le budget du pays.

Pour éviter la honte d’un rejet de son budget, le gouvernement français a cédé en un weekend aux diktats de la Commission européenne. Le vendredi 24 octobre, le commissaire européen Jyrki Katainen a écrit au gouvernement français sur un ton arrogant insupportable: « Je vous écris pour vous demander les raisons qui ont conduit à ce que la France prévoit de dévier des objectifs budgétaires fixés par le Conseil. Je voudrais également savoir comment la France prévoit de se conformer à ses obligations de politique budgétaire en 2015, conformément au pacte de stabilité et de croissance ». François Hollande et son gouvernement ont refusé de rendre cette lettre publique malgré la demande de plusieurs députés alors que le Parlement examine le projet de budget et alors que le Premier ministre italien a publié celle reçue par son pays ! Trois jours plus tard, le lundi soir, Michel Sapin s’est couché devant la Commission et a dégainé 3,6 milliards d’euros d’efforts supplémentaires au nom d’une actualisation des prévisions budgétaires et de « mesures nouvelles » ! Devant tant de soumission, la Commission a donc décidé de ne pas identifier de « manquement grave » de la part de la France et donc de ne pas rejeter le budget à ce stade.

Mais ce n’est pas fini. La Commission européenne n’a pas pour autant validé le budget français. Elle donnera son avis détaillé d’ici la mi-novembre. Comme la Commission Barroso cède la place à la Commission Juncker, ce n’est plus le finlandais Katainen qui dictera sa loi mais le letton Vladis Dombrovskis, nouveau vice-président de la Commission chargé de l’Euro flanqué de son voiturier Pierre Moscovici, nouveau commissaire en charge des affaires économiques et financières. Il faut donc s’attendre au pire.

La Commission peut encore proposer aux gouvernements européens de mettre la France en demeure de réduire son déficit en prenant des mesures supplémentaires. Elle peut même infliger une amende à notre pays. Ces deux sanctions s’appliqueraient de manière quasi-automatique. En effet, ce serait alors au gouvernement français de trouver une majorité qualifiée parmi les autres gouvernements européens pour s’y opposer et non à la Commission de trouver cette majorité pour imposer les sanctions à notre pays. C’est ce qui s’appelle « une majorité inversée » dans la novlangue des androïdes eurocrates.

L’autre hypothèse est que la Commission accordera au gouvernement Valls un nouveau délai pour ramener son déficit sous la barre des 3%. Ce chiffre devait être atteint cette année selon la précédente promesse de François Hollande. Mais comme la dernière fois, ce délai ne serait pas un cadeau. Il ne serait accordé qu’en l’échange d’une liste précise de « réformes structurelles ». Ce serait donc une nouvelle braderie de droits sociaux. Le précédent « délai » avait comme contrepartie la réforme du marché du travail avec l’ANI, l’allongement de la durée de cotisations pour partir à la retraite, les cadeaux aux MEDEF ou encore la réforme territoriale pour défaire l’égalité sur le territoire. Cette fois-ci, le chantage promet d’être encore plus rude. Le gouvernement a déjà prévu les nouvelles offrandes qu’il fera à la Commission. C’est sous cet angle qu’il faut voir les sorties des François Rebsamen, Emmanuel Macron et Manuel Valls contre les chômeurs ou pour la généralisation de la précarité sous le nom de « contrat de travail unique ». Le gouvernement se prépare à sacrifier une nouvelle fois les chômeurs et les salariés sur l’autel de l’austérité européenne.

Cette situation est une démonstration éclatante du caractère « concret » et « urgent » de la lutte pour la 6e République. Comment sortir de l’austérité sans affronter la Commission européenne et rende sa souveraineté au peuple ? Comment changer de politique économique et sociale sans que le peuple ne reprenne le pouvoir confisqué par l’oligarchie financière et cette Europe austéritaire ? C’est impossible. La lutte démocratique pour la souveraineté et la lutte sociale contre l’austérité sont les deux faces d’une même pièce.


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