août 15 25

16526890037_c32f4da382_nJe veux parler de la privatisation de 14 aéroports régionaux grecs. Leur privatisation avait été lancée par le gouvernement de droite précédent puis suspendue par le gouvernement Tsipras issu des élections du 25 janvier. Le processus de privatisation a été relancé suite à l’accord imposé à la Grèce. Ces 14 aéroports concernent l’essentiel des destinations touristiques du pays : Mykonos, Santorin, Corfou, Rhodes… Plusieurs sont aussi des liens indispensables pour les Grecs des îles concernées.

Ces aéroports vont être vendus à un groupe allemand !

Voila qui illustre d’un jour nouveau l’acharnement du gouvernement Merkel contre le gouvernement grec. D’autant que ces aéroports vont être vendus pour une bouchée de pain ! Rendez-vous compte, 14 aéroports pour 1,23 milliards. A peine 88 millions d’euros pièce !
Cette privatisation a quelque chose d’encore plus scandaleux. En effet, le groupe allemand qui va racheter les aéroports n’est pas n’importe quel groupe privé allemand. C’est un groupe dont les actionnaires sont majoritairement publics ! En effet, le groupe Fraport appartient en majorité au Land de Hesse et à la ville de Francfort ! Autrement dit, la propriété publique grecque va être vendue pour devenir une propriété publique allemande en Grèce !
Il est donc juste de parler d’annexion économique comme je l’ai fait dans mon livre Le Hareng de Bismarck. Cette méthode est bien « la méthode du choc » que j’ai décrite à partir de la page 106, inaugurée sur l’ex-Allemagne de l’Est et étendue ensuite à toute l’Europe.
Il en est de même avec d’autres entreprises. Merkel et Schäuble ont ainsi beaucoup insisté pour que le gouvernement grec vende les 50% restants de propriété publique dans l’entreprise grecque de télécom OTE. Pourquoi ? Parce que le principal actionnaire privé est Deutsche Telekom, l’opérateur historique allemand, équivalent de Orange en France.

Bref, l’Allemagne pille la Grèce.

L’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis dit d’ailleurs la même chose que moi sur les méthodes utilisées contre la Grèce par l’Europe allemande en matière de privatisation. Il reprend la comparaison avec la Treuhand que j’ai faite dans mon livre. Qu’est-ce que la Treuhand ? C’est la structure qui a récupéré la gérance de 8 000 entreprises et 40 000 commerces, soit 80% de l’économie est- allemande lors de la réunification pour mieux les brader à vil prix aux capitalistes de l’ouest.

Varoufakis reprend cette comparaison dans une tribune traduite par le magazine Alternatives économiques. Il considère que l’Europe impose « un plan de privatisation punitif ». Il écrit « les dirigeants de la zone euro ont exigé que des biens publics grecs soient transférés à un fonds de type Treuhand – un dispositif de vente au rabais, similaire à celui utilisé après la chute du mur de Berlin pour privatiser rapidement, au prix d’une forte perte financière et avec des effets dévastateurs sur l’emploi, toutes les entreprises publiques de l’Etat moribond est-allemand. (…) Mais alors que l’action de la Treuhand originale s’accompagnait d’investissements importants dans les infrastructures et de transferts sociaux à grande échelle pour la population est-allemande, les citoyens grecs ne recevront aucun soutien comparable d’aucune sorte ».
Schäuble voulait que le fonds de privatisation soit basé au Luxembourg et que les actifs soient bradés en trois ans ! Certes, Tsipras a obtenu de pouvoir étaler les ventes sur 30 ans et que le fonds soit basé en Grèce. Mais cela ne change pas fondamentalement les choses : la braderie aura lieu et sous la tutelle de la troïka quand même.

Comme le dit Varoufakis « hélas, le Treuhand grec reste une abomination, qui va peser comme un stigmate sur la conscience de l’Europe. Pire, c’est une occasion perdue. Le plan est politiquement toxique, car le fonds, bien que domicilié en Grèce, sera en fait géré par la troïka. C’est également nuisible sur le plan financier, parce que les profits serviront à payer une dette impossible à rembourser, comme même le FMI a fini par le reconnaître ». Pour lui, « c’est aussi un échec économique, parce qu’il gâche une occasion merveilleuse de financer des investissements qui auraient pu aider à contrer l’impact récessif de la consolidation budgétaire punitive également imposée par le sommet du 12 juillet ».


Blog basé sur Wordpress © 2011-2015 INFO Service - V3.1 Eur.