nov 10 16
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Un G20 en vain

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Tous les grands chefs des pays qui cumulent l’essentiel de la richesse du monde se sont réunis. Et quoi ? Pschiiiit ! Il est vrai que la rengaine du « sommet magique » a fait long feu. Les participants eux-mêmes, comme notre cher président, n’arrivent pas tous au début et beaucoup partent avant la fin. Et puis, c’est tellement répétitif ! Le G20 de Séoul est le cinquième sommet de ce type organisé en 2 ans !  Cela fait en moyenne deux sommets par an. A chaque fois, ces réunions coûtent affreusement cher. Et elles entraînent la mobilisation de véritables armadas policières ! Une nouvelle fois,  50 000 policiers ont été mobilisés pour sécuriser le G20 de Séoul. Sans oublier les armées particulières comme celle du président des Etats Unis, d’heureuse mémoire à Strasbourg pour sa brutalité, son arrogance et son mépris des services et polices nationaux. Pour quel résultat : un communiqué cousu de généralités et de bonnes intentions qui n’engagent à rien. Le bilan tiré par Sarkozy lui-même en dit long sur l’inutilité de ce sommet : « accord qui vaut mieux qu'un désaccord et qui ne résout pas suffisamment les problèmes qui sont posés ». Fermez le ban ! Un aller-retour Paris Séoul pour ça !

Le communiqué final sonne creux comme jamais. « Le G20 s’engage à prendre toutes les mesures, y compris de consolidation budgétaire, pour renforcer la reprise, soutenir la croissance et assurer la stabilité des marchés financiers, notamment en adaptant le système de changes, davantage influencés par les marchés financiers, en renforçant la flexibilité des taux de change, pour mieux refléter les fondamentaux économiques et s’abstenir de dévaluations compétitives. » Consolider les budgets ! Bon sang mais c’est bien sûr ! Comment n’y avaient-ils pas pensé jusque-là ? Renforcer la flexibilité des taux de change ! C’est ça leur trouvaille ? Mais en assurant la stabilité des marchés financiers ! Ouf ! Allez restons calme ! De toute façon, aucune mesure concrète d’aucune sorte ça n’est prévu pour appliquer. Autant peindre la girafe !

N’empêche que si on voulait prendre au sérieux ces numéros de Bla Bla, on pourrait trouver matière à ricanements affligés. Signée par les Etats-Unis, cette déclaration revient à dire « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». En effet, comme je l’ai (trop) longuement détaillé dans deux précédentes notes, les Etats-Unis viennent justement de procéder à une dévaluation de sauvetage en s’achetant pour 600 milliards de sa propre dette ce qui est une monstrueuse création monétaire décidée par leur banque centrale. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas vraiment. Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale américaine a reconnu le 11 novembre dans le Financial Times que « les Etats-Unis poursuivent une politique d’affaiblissement de leur monnaie. » Mais s’ils ne respectent pas leurs engagements, les USA prétendent pourtant imposer aux autres des règles contraignantes. Selon eux les Etats exportateurs devraient être contraints de limiter leurs excédents commerciaux. Leur ministre des finances prétendait interdire tout excédent commercial dépassant les 4 % du PIB d’un Etat. Ma parole de la planification des échanges internationaux ? Et le libre-échange dans tout ça ?  Après tout ceux qui achètent ici plutôt que là ont leurs raisons, non ? Ce n’est pas ça qu’on nous explique tous les jours ? Quelle idée bizarre pour des dérégulateurs forcenés comme ceux-là ! Personne ne sait d’ailleurs comment elle pourrait être appliquée quand un Etat franchit ce seuil. Les USA seraient d’ailleurs les premiers pénalisés si la Chine ou l’Arabie Saoudite cessaient leurs exportations dès que leur excédent aurait franchi les 4 % de leur PIB. Eh oui ! Car cela voudrait dire que les états-uniens cesseraient alors d’acheter des habits et des ordinateurs et ne consommeraient pas d’essence pour le reste de l’année ? Ou bien ces pays devraient-ils faire cadeaux de leurs exportations aux américains pour qu’ils continuent à se la couler douce ? On voit à quel point cette demande est grotesque venant des USA. D’ailleurs qui viserait-elle ? Quatre pays du G20 : la Chine, la Russie, l’Allemagne et l’Arabie Saoudite. Cours toujours ! D’ailleurs madame Merkel a vite répliqué devant le congrès du parti Chrétien qu’elle dirige: « je ne nous laisserai pas punir parce que nous produisons des bons produits qui se vendent ». Ca va de soi. Cette proposition ridicule des USA a d’ailleurs été bien envoyée au tapis par le président brésilien, notre camarade Lula. C’est lui qui a enjoint aux pays riches de s’occuper de la santé économique intérieure de leur population plutôt que de donner des leçons de politique économique aux pays du sud. Ce qu’il a dit est aussi simple qu’une de mes sorties sur ce thème ! : « Si les pays riches ne consomment pas et veulent que leurs économies exportent, le monde court à la faillite parce qu’il n’y aura plus personne pour acheter et tout le monde voudra vendre ». Cette phrase résume parfaitement bien la situation de surproduction chronique qui est à la racine des crises. Et quelle cause ? L’exploitation grandissante du travail et la contraction forcée de la demande solvable. Les gens crèvent. Le malheur des uns ne fait le bonheur d’aucun autre, voilà tout.

En prenant pour un an la présidence du G20, habilement conquise, Nicolas Sarkozy a affiché trois priorités : la réforme du système monétaire international, la lutte contre la volatilité des cours des matières premières, la réforme de la gouvernance mondiale. Hum, le dernier point est juste un peu absurde, mais passons. Pour atteindre ces vertigineux objectifs, Nicolas Sarkozy a affirmé que l’objectif était d’ « obtenir des consensus sur des sujets centraux ». Hé ! Hé ! Fine mouche. A ce niveau de généralité on se demande où on finira ! De toute façon il a déjà, souscrit une assurance Bla Bla  de première classe. Car il a aussitôt précisé qu'il s'agissait de « chantiers colossaux qui ne pourront être achevés en une seule année ». Non ? Sans blague ! Trêve de rigolade. Si même lui doute du résultat alors qu’il est censé s’occuper du problème, c’est que c’est vraiment mal parti. Où est celui qui proclamait en novembre 2008, juste avant le sommet du G20 de Washington, il décrétait que « le dollar ne peut plus prétendre être la seule monnaie du monde ». Une phrase qui n’a été suivie d’aucun acte concret. Bien sûr ! Pas plus que ses engagements pour « la fin des paradis fiscaux ». Au G20 de Washington en septembre 2008 il trompettait : « S’agissant des paradis fiscaux, c’est parfaitement clair. Il y aura une obligation pour les banques de déclarer tout ce qu’elles investissent ou tout ce qu’elles font dans les paradis fiscaux ». Le 23 septembre 2009 sur TF1 et France 2 : « les paradis fiscaux, le secret bancaire, c’est terminé ». Depuis on a vu la suite ! Enorme, non ? Mêmes paroles en l’air pour la Taxe Tobin. Devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 septembre 2010, Sarkozy disait que « la taxation des transactions financières, nous pouvons le décider ici, pourquoi attendre ? ». Mais ce qui est bon pour l’ONU, n’est plus à l’ordre du jour du G 20 qui est silencieux sur une telle taxation. L’affaire est entendue, hélas. Il ne se passera rien. Dès le lendemain de la réunion chacun est retourné à ses petites affaires comme si de rien n’était et le monde est abandonné, en roue libre, à la rapacité et la cupidité des malfaisants des salles de marché.


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