nov 10 24
Après la Grèce, les vampires de la finance s’abattent sur l’Irlande et le Portugal

« Send them away! » « Fichez les dehors! »

Exporter ce billet au format pdf

« Send them away.» Ce cri, c’était vers dix heures du matin, dans un reportage sur France Inter. Je ne l’ai pas entendu. C’est un ami qui écoutait la station. Il a été tellement impressionné qu’il a ressenti le besoin de m’en parler tout de suite. Des irlandais étaient interrogés. Un micro trottoir. Il s’agissait de l’arrivée de l’armée d’occupation européenne de « l’Europe qui protège » venue sur place pour tondre les irlandais au profit des banques. Le « hold up des banques » comme le titre sur un mode quasi bolchevik le tranquille journal « Libération ». Donc le journaliste interrogeait les passants. On entendit alors de la bouche d’un indigène la version locale de « que se vayan todos », le «  qu’il s’en aillent tous ». « Send them away !» répondait en effet une personne interrogée. « Fichez les dehors ! » Ach ! Encore un populiste ! Cohn-Bendit au secours ! Huchon ! Valls ! Venez vite expliquer à tous ces gens qu’ils sont un danger pour la démocratie, des antis boches, et qu’ils sont pire que leur fascistes locaux ! Enseignez-leur vite comment baisser le nez et les yeux devant les puissants. Ce serait peine perdue. Trêve d’ironie. Le temps qui passe va montrer, hélas mille fois hélas, que le mot d’ordre surgit tout seul. Spontanément. Ici, des millions d’irlandais à qui on a fait obligation de voter une deuxième fois en référendum pour avoir droit à « l’Europe qui protège » découvrent l’ampleur de la farce. C’est l’Europe qui les frappe en pleine face pour les obliger à sauver une deuxième fois des banques parasites. Ces gens voient la servilité de leurs dirigeants, ceux de droite comme les sociaux-démocrates. Ils exploseront. Déjà le gouvernement est emporté par une crise politique dont le pays ne va pas sortir simplement.

Mais avant d’aller plus loin à propos de l’Irlande, observons la situation du point de vue de ceux qui prétendaient la dominer. De quoi part-on ? Du « mécanisme européen de stabilisation » tel qu’adopté le 7 mai dernier. Il est doté de 440 milliards par les Etats de la zone euro. Sa mise en œuvre est assortie d’un arsenal de mesures d’austérité dont on connait le refrain : moins d’état et de dépenses sociales. Cette méthode n’a nullement enrayé la crise dans laquelle est plongée la Grèce. Mais comme les spéculateurs ont été grassement récompensés pour leurs audaces, les banques ont pris le gout de ces spéculations contre les peuples. Un scénario de crise identique s’applique désormais à l’Irlande et au Portugal. A tel point que le plan européen, lui-même assis sur de l’endettement public, pourrait être rapidement dépassé. Rien qu’en aidant la Grèce puis l’Irlande et le Portugal, on serait à près de 300 milliards consommés … Dès lors cela rendrait impossible dans l’enveloppe prévue un éventuel sauvetage de l’Espagne qui est le pays suivant dans la ligne de mire des spéculateurs. Pourquoi en est-il ainsi ? L’arrivée du FMI égale toujours un plan d’austérité. Et celui-ci en contractant l’économie aggrave la difficulté initiale car il réduit les recettes de l’état. De plus le plan du FMI s’applique par tranche comme un étranglement lent. Il laisse toujours une part du déficit à découvert pour que le pays concerné ne puisse se défiler et sente le souffle et la morsure des taux bancaires du marché privé toujours sur sa nuque.  La preuve par la Grèce.

La Grèce ne s’en sort pas avec le plan du FMI. 110 milliards d’aide avait été promis en mai dernier. La Grèce n’a touché à ce jour que 29 milliards du FMI et de la Commission européenne. D’abord les taux exigés pour financer la dette grecque sur le marché ont d’abord  baissés, tout en restant scandaleux. Après être redescendu autour de 9 % à la fin de l’été, dès l’activation du plan d’aide européen, les taux de la dette grecque à 10 ans ont repris leur envolée depuis mi-octobre, pour atteindre 11,5 % jeudi 11 novembre. Retour à la case départ, c'est-à-dire des niveaux proches du record de 12 % atteint au printemps. La conséquence directe de ce relèvement des taux est qu’elle complique la situation budgétaire de l’Etat grec. En effet le plan de « l’Europe qui protège » ne lui a pas permis de s’affranchir totalement des marchés pour financer sa dette. Rappel : Aubry dans son discours le 29 août 2010 à l’université d’été  du PS à la Rochelle, avait salué « le courage de notre camarade Papandréou pour affronter la crise ». Il avait en effet avalé tout rond et sans une protestation le plan de son camarade Dominique Strauss Kahn. Pourtant dimanche 14 novembre Papandréou, l’ectoplasme social-démocrate local, a fini par évoquer pour la première fois la possibilité d’ « un rééchelonnement du remboursement ».

Ça n’a pas duré. Evidemment la BCE s’étrangle de rage. La Grèce s’était engagée auprès de la zone euro et de la BCE à ne pas dépasser un déficit de 8,1 % du PIB en 2010 et avait même envisagé un déficit à 7,8 % du PIB. Or elle est aujourd’hui sur une trajectoire de déficit de 9,2 à 9,3 % du PIB, après révision de son déficit 2009 à 15,5 % du PIB et de la dette à 127 % du PIB. Rien de dramatique en réalité si on le rapporte en proportion de la richesse totale de l’Union Européenne. Face à ce qu’ils considèrent comme un non-respect des objectifs assignés au gouvernement grec, une mission spéciale du FMI, de la Commission et de la BCE s’est rendue sur place. On ne saurait mieux montrer combien  le pays n’a plus de souveraineté réelle. Comme l’état-major d’une armée d’occupation la troïka a félicité le zèle des gouvernants indigènes. « Jusqu’ici tout va bien. Le programme a été mené a un rythme impressionnant et reste dans l’ensemble sur la bonne trajectoire » aurait déclaré au journal « Le Monde » le proconsul du FMI un danois qui co-gouverne la Grèce, Poul Thomsen. Fourbe comme un journal de France 2, le monsieur identifie après cette caresse, une urgence spécialement cruelle : « mettre fin aux dépenses abusives dans le secteur de la santé améliorer encore la collecte des impôts et réformer les entreprises publiques qui paient des salaires très élevés » On se pince en lisant cela !

Cette cruelle politique, on doit s’en souvenir à chaque instant, n’est destinée qu’à permettre à la Grèce de payer les taux usuraires qu’exigent les banques ! C’est un choc d’une incroyable brutalité qui a déjà provoqué un recul de quatre pour cent de l’activité économique. Autant en moins de salaires, d’impôts et de taxes. Le nouveau train de mesures devrait créer un choc au moins aussi important. Il y en a encore pour 4 milliards d’euros. Ces économies seraient réalisées par les ministères de la santé et du travail. Conclusion ? La Grèce ne peut pas s’en sortir. Je veux dire que le plan et sa logique sont inapplicables ailleurs que sur un bout de papier. Le bug va arriver comme ce fut le cas dans toute l’Amérique latine face aux mêmes politiques du FMI.

Les nouvelles coupes sont impraticables. Il n’y a plus rien à vendre et la fiscalité est au point mort du fait de la récession de l’économie. Les conditions politiques en sont au même point. Lors des élections locales des 7 et 14 novembre qui ont fait la joie du seul Dominique Strauss Kahn, les deux partis dominants, sociaux-démocrates et droite conservatrice, responsables de la situation budgétaire, ont brutalement reculés dans les urnes. Les sociaux-démocrates ont perdu près de 10 points en un an tandis que la droite a atteint un de ses plus bas niveaux historiques. Ce rejet des partis dominants s’exprime surtout de façon spectaculaire dans l’abstention et le vote blanc et nul. La proportion est sans précédent en Grèce. Il s’agit désormais de plus d’un électeur sur deux. En dépit du vote obligatoire, il a eu 53 % d’abstention au second tour et plus de 11 % de blancs et nuls. Ce sont donc 64 % des électeurs qui ont refusé les candidats en présence. L’autre gauche, seule force politique à avoir combattu le plan d’austérité enregistre une forte progression, totalisant plus de 15 % des voix contre environ 11 % aux précédentes élections. Si elle ne fait pas un score plus élevé c’est sans aucun doute du fait qu’elle ne se présente pas comme une alternative de gouvernement et reste divisée, à mort, entre les communistes « orthodoxes » et le reste de l’autre gauche. C’est une leçon essentielle pour nous. Il ne suffit pas d’être une force protestataire connue et reconnue. Il faut être un outil à disposition du peuple. La radicalité doit être à la fois unitaire concrète et gouvernementale. Cela n’existe pas en Grèce aujourd’hui.

A présent les vampires se sont abattus sur l’Irlande. Depuis début octobre 2010, l'Irlande a vu sa note dégradée en cascade par les agences de notation. Et pourquoi ? A cause du coût du sauvetage public des banques irlandaises. C’est le comble ! Ce sauvetage est payé par les contribuables qui n’ont aucune responsabilité  dans le désastre. L’opération a du être réévaluée de 23 milliards à 45 milliards d'euros. Telle est la raison pour laquelle, le déficit public a bondi de 12 % du PIB à 32 % du PIB. Et le total de la dette s’est gonflé comme un ballon passant de 78 % du PIB à 99 % du PIB. Tout cela exclusivement à cause de la gestion hasardeuse des banques. Et pourtant on ne cesse d’entendre parler du « déficit de l’Etat», du gouffre de la dette publique comme s’il s’agissait des conséquences d’une orgie d’avantages sociaux et de dépenses publiques somptuaires. Après la dégradation par les agences de notation, l’Irlande subit exactement le même mécanisme infernal que la Grèce. Jeudi 11 novembre, les taux à 10 ans sur la dette irlandaise ont atteint le niveau record de 9 %. Et à 2 ans l’Irlande emprunte désormais à plus de 7 %. Réaction en cascade, les fonds souverains norvégiens et russes, gros investisseurs en obligations, ont décidé de stopper tout achat de dette irlandaise. Les responsables de la situation n’assument pas ses conséquences. « L’Europe qui protège » non plus, évidemment.

Cette situation dramatique a été précipitée par les déclarations provocantes de l’Allemagne. Il doit surement y avoir une réaction de messieurs  Cohn Bendit-frères sur le sujet. Le gouverneur de la Bundesbank, Axel Weber a fustigé les rachats de dette publique – pourtant timides – par la BCE. Il a obtenu de celle-ci qu’elle cesse tout rachat de dette irlandaise. Quant à Angela Merkel, elle continue d’avancer sur l’idée d’une procédure de mise en faillite d’un Etat et donc de mise sous tutelle économique par l’UE en cas d’appel aux aides financières de l’Union Européenne. La situation irlandaise devenant explosive, l’aide de l’UE a été quasiment imposée aux dirigeants irlandais peu pressés de se faire mettre en tutelle. C’est pourtant un véritable abandon de souveraineté nationale qui a été imposé.  Dans un pays qui est indépendant depuis moins de cent ans, c’est une gageure qui va se payer cher, je l’espère bien. Dés à présent, le comportement des banques, des libéraux et des proconsuls européens fait notre propagande mieux que des millions de tracts. Là-dessus l’arrogance des entreprises nord-américaines qui annoncent qu’elles plieront bagages d’Irlande s’il leur faut payer des impôts terminent le tableau de ce que le peuple doit comprendre pour engager sa libération politique.

On peut ricaner devant ce désastre. Car l’Irlande comme on le sait était présentée depuis une décennie comme un modèle. Un modèle libéral, of course, une merveille de flexibilité et de compétitivité grâce au dumping fiscal. Le taux de 12,5 % d’imposition sur les sociétés contre 33 % en France est présenté comme le cœur de la politique d’attractivité de l’Irlande. Bref le moteur de cette économie est le dumping fiscal. Donc un coup tordu ! Il a été mis en place avec un accord en béton armé entre les libéraux et le parti travailliste irlandais. En même temps ces gens bombaient le torse à propos de leur pseudo rigueur budgétaire. Ils se gardaient bien de dire qui payait le « miracle irlandais » pour ce qui est des infrastructures qui poussaient comme champignons. Car tout cela a été payé par des torrents de subventions européennes ! Nombreux étaient donc ceux qui enrageaient de voir les libéraux au pouvoir à Dublin faire les marioles à la télé sur le thème « no tax », alors que c’étaient les impôts européens qui payaient à la place des fameuses taxes. Chaque irlandais a ainsi reçu neuf mille euros par an et par tête pendant dix ans d’affilé ! Au début de l’année 2010 l’Irlande était citée comme le modèle que devrait suivre la Grèce pour affronter la crise comme le raconte le dossier du numéro d’octobre du Monde Diplomatique.

Le Portugal, prochaine victime ? En grave difficulté budgétaire, le pays est lui aussi vivement attaqué par les « marchés ». Pourquoi s’en priveraient-ils ? Mercredi 10 novembre, lors d’une émission de 1,2 milliards d’euros, l’Etat portugais a été contraint par les vampires de porter les taux de ses obligations à 6 et 10 ans à des niveaux jamais atteints jusque-là. Les taux à 10 ans sont passés de 6,2 % lors de la précédente émission à 6,8 %. Si elle se confirme, cette envolée des taux suffira à mettre par terre le plan de rigueur budgétaire adopté par le Portugal au prix d’une hausse de TVA et de baisses des salaires des fonctionnaires. Samedi 13 novembre, le ministre des affaires étrangères portugais Luis Amado a même envisagé dans l’hebdomadaire «Expresso», la sortie du Portugal de l’Euro si le pays ne parvient pas une union nationale pour de nouvelles mesures d’économie : « la solution de rechange à la situation actuelle serait de quitter finalement l'euro.  C'est une situation qui peut nous être imposée par les marchés ». Hum ! C’est une rude menace. Trop rude pour être honnête.

Car les socialistes portugais ne sont pas davantage patriotes que leurs congénères des autres pays. Pour eux les lois du marché et autres dogmes libéraux sont plus important que toute autre réalité. Quand ils renoncent à la souveraineté de leur pays et acceptent d’obéir à des proconsuls en gilet de notaire comme le sont les Strauss-Kahn boys du FMI, ils n’ont pas l’impression de trahir le cœur de l’idéal démocratique. Ce qu’ils constatent quand ils obéissent, ils ne le vivent pas comme un drame car pour eux c’est seulement du réalisme, « la seule politique possible » et ainsi de suite. La nouvelle trahison des peuples a le visage d’une bonne conscience absolue qui fait perdre de vue tout sentiment de responsabilité humaine à l’égard des gens qui subissent les remèdes de Diafoirus de cette équipe d’écorcheurs.

Je dois dire que ces spéculations contre les Etats Nations ne me paraissent pas guidées que par l’appétit de lucre et la cupidité bancaire habituelle. Ces motivations sont là et bien là en effet. Mais je soupçonne autre chose. Je sais que les Etats Unis d’Amérique ont intérêt à la pulvérisation de la zone euro. D’une part elle redonne au dollar une place centrale puisque sans équivalent. C’est un élément décisif pour contrer l’actuelle fuite devant l’argent bidon des américains. Deuxièmement cela prépare utilement la mise ne place du grand marché transatlantique (GMT) sous la domination des billets verts que nous serons ainsi appelés à valider.

Les soupçons s’appuient sur de curieuses coïncidences. Dans le cas grec, la main des Etats-Uniens se voit. Plusieurs grandes banques américaines ont conseillé la Grèce dans la gestion de sa dette : Goldman Sachs, JP Morgan Chase, Merill Lynch, Morgan Stanley. C'est Goldman Sachs qui a joué le rôle principal en faisant mine d'aider la Grèce à s'endetter puis en contribuant à la plomber. A partir de 2001, Goldman Sachs a aidé la Grèce à maquiller une partie de sa dette, en ayant recours à des produits dérivés. Notamment en jouant sur les devises qui ont rapporté 300 millions de dollars de commissions à Goldman Sachs. Goldman Sachs a aussi servi d'intermédiaire à l'Etat grec pour placer ses titres de dette sur les marchés non européens, notamment chinois. Puis à partir de 2010, Goldman Sachs a spéculé contre la dette grecque. Elle utilisait manifestement sa bonne connaissance de la réalité de l'endettement grec. La banque misa donc sur l'envolée de ses assurances-défaut, les CDS, et spécula sans vergogne sur la hausse des taux des obligations grecques.  Goldman Sachs jette de l'huile sur le feu des crises irlandaise et portugaises. Le 10 novembre, Goldman Sachs fut un des premiers acteurs à réclamer un plan de sauvetage de l'Irlande et du Portugal, alors qu'à cette date, ni ces pays, ni aucun dirigeant de l'UE ne l'avaient évoqué. Cet appel a amplifié la spéculation contre ces dettes et l'envolée des taux. Toujours dans le rôle d'affoleur, le chef économiste de Goldman Sachs a affirmé dans une note largement reprise par les médias que la Commission européenne avait secrètement rencontré le Portugal pendant le week-end des 13-14 novembre pour préparer un plan de sauvetage. Rien de tel pour casser un pays.

Goldman Sachs est le géant américain de la banque d'investissement avec 30 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Goldman Sachs est étroitement liée aux gouvernements états-uniens successifs à travers ses anciens dirigeants. Le ministre des finances de Bush Henry Paulson, qui a renfloué les banques, était auparavant PDG de Goldman Sachs. La banque a d'ailleurs reçu 10 milliards de dollars de fonds publics lors du sauvetage du secteur bancaire états-unien. Elle a aussi été le premier contributeur privé de la campagne de Barack Obama avec prés d'un million de dollars de dons effectués par ses dirigeants.  La révélation du rôle de Goldman Sachs dans la crise des subprimes et sa collaboration avec Madoff a momentanément terni son image. Et pourtant la banque recyclait des créances pourries dans des produits dérivés. Elle les plaçait massivement sur le marché. Puis en bonne connaissance ce que contenait ces titres elle a ensuite spéculé contre eux sachant qu'ils étaient pourris. Mais la banque a réussi à obtenir du gouvernement le retrait des poursuites pour fraude, contre le versement d'une indemnité de 550 millions de dollars. Moins les gains, reste une superbe prime au crime économique. La banque continue d'être présente dans l'administration Obama, à travers Mark Patterson, actuel directeur de cabinet du ministre des finances Timothey Geithner. Lui-même  était lobbyiste pour Goldman Sachs. Et il y a encore Gary Gensler, qui était directeur financier de la banque. Il dirige désormais une des principales agences de régulation boursière américaine, la US Commodity Futurs Trading Commission, chargée de réguler les marchés dérivés.

Cette influence ne va pas diminuer. Goldman Sachs vient de caser un des siens au FMI pour s'occuper de l'Europe ! En effet DSK vient de nommer à la tête du département Europe du FMI, Antonio Borges, qui était de 2000 à 2008 un des dirigeants de la filiale londonienne de Goldman Sachs, chargée de développer les activités de la banque en Europe. Et Antonio Borges était précisément chargé de représenter la banque américaine dans ses relations avec les gouvernements et institutions en Europe, rôle où il a dû suivre de prés les manipulations de la banque dans la crise grecque. Personne ne peut nous faire croire que ces gens se disposent au hasard et qu’ils ne savent pas ce qu’ils font en agissant de concert. Ce n’est pas tout. Goldman Sachs a aussi un de ses anciens dirigeants au sein du Conseil des gouverneurs de la BCE. Il s’agit de Mario Draghi, gouverneur de la banque d'Italie. Il fut Vice-président Europe de Goldman Sachs de 2002 à 2005. Il a donc trempé lui aussi de très prés dans les montages hasardeux de la banque en Grèce. Cela ne l'a pas empêché d'être choisi par le G20 pour présider le Forum sur la stabilité financière qui supervise les réformes des marchés financiers. C’est comme ça ! Actuellement, Mario Draghi est aussi en concurrence avec l'allemand Axel Weber pour succéder à Jean-Claude Trichet  à la tête de la BCE. On sait donc à quoi s’en tenir.

Ce n’est pas le seul point d’entrée direct des étatsuniens dans la crise européenne. Le rôle des agences de notation américaines est central. Deux agences de notations de Wall Street, Standard and Poor's et Moody's contrôlent 80 % du marché mondial des notations. En faisant rapidement descendre leurs notes contre la Grèce, elles ont accru ses difficultés de financement et alimenté la spéculation sur les CDS. A noter que l’opération a directement servi les banques américaines avec lesquelles travaillent ces mêmes agences. Impitoyables avec la Grèce, Standard and Poor's et Moody's l’a été beaucoup moins dans d’autres circonstances. Ainsi avaient-elles couvert jusqu'au bout Lehmann Brothers ou Enron, dont elles avaient maintenu la note triple A jusqu'à l'aube de leurs faillites. Moody's a abaissé successivement la note de l'Irlande en juillet 2009, juillet 2010 et a annoncé un "placement sous surveillance" de la note en octobre 2010, laissant présager un nouvel abaissement de la note. De son côté Standard and Poor's a dégradé à trois reprises la note de l'Irlande de mars 2009 à septembre 2010, et a aussi annoncé fin septembre 2010 une mise sous surveillance préparant un nouvel abaissement de la note qui tue. Ce faisceau de présences intéressées montre que les opérations de notations et prêts n’ont rien à voir avec l’objective appréciation des faits à laquelle on veut nous faire croire. Tous les intervenants ont partie liées avec un système global dont aucun des paramètres ne peut les laisser indifférents dans la mesure où ils en sont directement protagonistes. Le cœur de la partie qui se joue n’est pas l’Europe mais le dollar. Tout y revient et il faut tout penser en considérant que tout est rapport de force et grand danger pour le monde du fait des étatsuniens qui le dominent.


Blog basé sur Wordpress © 2011-2015 INFO Service - V3.1 Eur.